iTELE / déménagement de bureaux : le tribunal de Nanterre se prononcera le 16 novembre

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Le tribunal de Nanterre se prononcera le 16 novembre sur la régularité du déménagement d’une partie des bureaux d’iTELE, intervenu le 22 octobre, en plein conflit entre les salariés en grève et la direction de la chaîne d’info en continu. La justice a été saisie selon la procédure d’urgence de référé par le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et le Comité d’entreprise (CE) de la chaîne. La direction de Canal Plus, propriétaire d’iTELE (groupe Vivendi, présidé par Vincent Bolloré) avait procédé au déménagement des postes de travail de 29 salariés, afin de libérer le troisième étage de son immeuble de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et permettre l’installation de journalistes du quotidien gratuit «Direct Matin», propriété du groupe Bolloré. Selon les deux institutions représentatives, ce déménagement est la première étape d’un projet global de synergies entre les rédactions de la chaîne et du gratuit, ainsi que le site de partage de vidéos DailyMotion – propriété de Vivendi -, baptisé «News Factory» («Usine à informations»). Le jour du déménagement, le samedi 22 octobre, au sixième jour de la grève des salariés d’iTELE, un écriteau «News Factory» avait d’ailleurs été posé sur la façade de l’immeuble. Deux lettres étaient tombées sur la chaussée quelques instants plus tard, avant que l’inscription ne soit entièrement retirée en fin d’après-midi. Le CHSCT et le CE, informés de ce déménagement par la direction quelques jours plus tôt, n’avaient pas souhaité se prononcer dans l’immédiat, «faute de savoir quelle était la dimensions éditoriale du projet», a expliqué mercredi leur avocat, Me Mikaël Klein, en demandant la suspension du projet. «La note qui leur avait été remise faisait état d’un «projet de collaboration de différents médias» dont «l’installation des équipes de «Direct Matin» sera la première manifestation concrète»», a rappelé l’avocat selon qui, dès lors, la direction devait attendre l’avis du CHSCT et du CE avant tout mise en oeuvre du projet. Or, les deux organes représentatifs avaient respectivement jusqu’au 15 et 22 décembre pour se prononcer. 

Mais, pour l’avocat du groupe Canal+, Me Bruno Serizay, le déménagement du 22 octobre «ne fait pas partie du projet News Factory» et doit s’entendre comme un acte isolé: il est «basique», «simple», «insignifiant» et pouvait ainsi se réaliser en se dispensant de l’avis des deux organes représentatifs. «On aurait d’ailleurs très bien pu ne pas consulter sur ce projet, ça a été une consultation volontaire de notre part… On peut regretter d’avoir été trop transparents», a ajouté Me Serizay. Selon lui, le projet News Factory «n’est pas prêt, il n’est pas construit, c’est un concept», «on ne lui a donné pour l’instant aucun contenu concret»: «tout ceci est au degré zéro de la réflexion», a-t-il dit, en reconnaissant toutefois «des termes qui ont été un peu maladroits dans la note de présentation». Interrogé sur la pose du panneau News Factory le jour du déménagement, l’avocat a admis «un loupé», «une maldonne», en affirmant que «ordre avait été donné de le retirer avant même que ces lettre tombent», avant de considérer qu’«on peut donner à un immeuble un nom sans que ce soit la matérialisation d’un projet». Quelques heures avant l’audience, les salariés d’iTELE ont voté la poursuite de leur grève jusqu’à jeudi midi, pour un 18e jour consécutif d’arrêt de travail. Outre le départ de l’antenne de l’animateur vedette Jean-Marc Morandini, mis en examen «pour corruption de mineur aggravée», les salariés réclament une charte éthique, un projet précis et des moyens accrus.