J.M. BOURSICOT (La Nuit des Publivores) : «On reçoit 25.000 nouveaux films publicitaire chaque année»

429

Jean-Marie BOURSICOT, Fondateur et Producteur de «La Nuitdes Publivores»

Présent dans plus de 30 pays, «La Nuit des Publivores» – samedi 24 mars au Grand Rex – est devenue en 37 ans le rendez-vous des amoureux du cinéma publicitaire. Quelles en sont les tendances ? Réponse avec Jean-Marie BOURSICOT, Fondateur et Producteur de «La Nuit des Publivores».

media+

Quelles tendances percevez-vous en matière de films publicitaires ?

Jean-Marie BOURSICOT

Chaque année, nous recevons 25.000 nouveaux films publicitaires. Mais depuis trois ans, ces derniers ne sont plus très drôles. Fort heureusement, on parvient tout de même à en trouver près de 400 à la fois amusants, émouvants et cinématographiques. Cela signifie concrètement qu’il y a 24.600 films qui ne sont pas d’un intérêt artistique fou. Aujourd’hui, les spots publicitaires sont sérieux. On ne peut plus rien dire, ni montrer. C’est triste et dommage. Les professionnels ont toujours beaucoup de talent mais ils sont quand même freinés par les gens du marketing. Les annonceurs sont terrorisés par tout. Ils ont peur de voir leur film interdit ou critiqué dans la presse.

media+

La publicité à la télévision est-elle polluée par le politiquement correct ?

Jean-Marie BOURSICOT

Oui, et pas qu’un peu. Au cinéma comme en télévision, il n’y a pratiquement plus de films décapants. Sur internet, on parvient encore à trouver quelques pépites parce qu’il y a moins de contrôles. Le coût de l’espace publicitaire étant moins cher sur internet, nous pouvons récupérer des films de 2-3 minutes avec de vraies histoires et créés par des réalisateurs reconnus. Cette année, il y avait une forte créativité dans des films venant d’Afrique du Sud, d’Argentine, du Chili, du Brésil et de la Chine. Pour certains, ils ont un côté cinématographique. La créativité fait des vagues d’une année à l’autre en fonction des territoires.

media+

L’âge d’or de la publicité, c’était quand ?

Jean-Marie BOURSICOT

Au cinéma, entre 1950 et 1965. En télévision, c’était dans les années 1980. L’amusement était de mise.

media+

De nos jours, le public ne serait-il pas ennuyé par la publicité ?

Jean-Marie BOURSICOT

Ce n’est pas la publicité qui est ennuyeuse, mais sa répétition. Quand vous regardez un spot diffusé 5 à 7 fois par jour sur une chaîne, cela créé la saturation.

media+

Les grands réalisateurs de cinéma collaborent-ils encore sur des films publicitaires ?

Jean-Marie BOURSICOT

Oui, avec de grandes figures comme Jan Kounen, Martin Scorsese ou encore Woody Allen (mais qui le fait en Italie car il ne veut pas trop que ça se sache). C’est un bel exercice que de résumer une histoire en quelques secondes.

media+

Unique au monde et entièrement privée, votre cinémathèque dispose aujourd’hui de plus d’un million de spots publicitaires du monde entier. C’est exact ?

Jean-Marie BOURSICOT

Ma cinémathèque contient plus d’1,2 million de films de 1898 à nos jours. Fort du constat que personne ne conserve les films publicitaires, ni les annonceurs, ni les agences, ni les producteurs, j’ai décidé de les collectionner et de fonder la première cinémathèque de films publicitaires au monde. En contact permanent avec les agences de publicité et les annonceurs du monde entier, elle s’enrichit chaque année de 25.000 pièces supplémentaires. Elles sont visionnées, archivées et parfois restaurées. C’est ce patrimoine publicitaire que nous faisons vivre depuis 1981 à travers «La Nuit des Publivores», produite depuis 37 ans dans plus de 40 pays. Mon souhait serait de numériser la cinémathèque. Pour cela, il nous faudrait 2 millions d’euros et 4 personnes sur 5 ans.