J.P. PANZANI (Médiamétrie) : «Près d’un Français sur 2 (48,1%) est satisfait du niveau de l’offre de fiction française»

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Jean-Pierre PANZANI

Directeur des opérations et de l’expertise de Médiamétrie

Le Festival des Créations Télévisuelles de Luchon vient de fermer ses portes. Ce rendez-vous constitue l’occasion de dresser le bilan de la fiction française en 2016 et du ressenti des téléspectateurs. Détails avec Jean-Pierre PANZANI, Directeur des opérations et de l’expertise de Médiamétrie.

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La fiction française est la star du petit écran.  Quelle en est la raison ?

Jean-Pierre PANZANI

En 2012, aucune fiction française n’apparaissait dans le Top 50 des meilleures audiences. En 2016, nous en comptabilisons 20, et aucune série américaine. Deux choses concourent à ce succès. D’une part, une meilleure perception de la qualité de nos productions. Ces dernières sont considérées par le public comme «proches de moi», «réalistes» et «qui abordent des sujets de société». D’autre part, les Français estiment que les fictions locales sont bien réalisées (pour 38% de la population) et qu’elles bénéficient de bons scénarios, qualité qu’ils réservaient autrefois à leurs homologues américaines. Enfin, près d’un Français interrogé sur 2 (48,1%) est satisfait du niveau de l’offre télévisuelle de fiction française et ils sont même plus d’un quart (29,4%) à en désirer plus.

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Existe-t-il un désamour de la série américaine sur les chaînes historiques ?

Jean-Pierre PANZANI

Certaines séries US sont arrivées en bout de piste. Toutes celles qui les remplacent ne trouvent pas nécessairement grâce aux yeux des téléspectateurs. Il s’avère que la énième resucée d’un «Grey’s Anatomy» par exemple parvient à se faire battre par les «Petits Meurtres d’Agatha Christie». Si moins d’un téléspectateur sur 10 (8,8%) trouve que la fiction française est trop présente à la télévision, ils sont 4 sur 10 à considérer qu’il y a trop de fictions américaines.

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Observez-vous une mutation de la consommation sur les fictions ?

Jean-Pierre PANZANI

Les plateformes de rattrapage sont un formidable relais d’audience pour les chaînes. 45% de tout ce qui se consomme en replay est de la fiction. A ce titre, 56,9% des téléspectateurs ont déjà regardé une fiction française en replay. Au lieu de se contenter d’un épisode par semaine, les téléspectateurs ont souvent la possibilité de regarder plusieurs épisodes à la suite via les plateformes dédiées. La pratique du «Binge-watching» (visionnement en rafale de plusieurs épisodes d’une série) touche tous les téléspectateurs de fictions françaises et en particulier les jeunes. Ainsi, 85% des téléspectateurs regardent au moins deux épisodes à la suite et 40% en regardent au moins 3. Chez les 15-24 ans, ces pourcentages montent respectivement à 90% et 59%.

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La population est-elle prête à payer pour accéder à des contenus de fictions ?

Jean-Pierre PANZANI

18% de la population a déclaré avoir payé pour visionner une fiction française. Parmi eux, 45% sont allés sur une plateforme délinéarisée SVOD ou VOD pour acheter un épisode ou un abonnement. Mais le médium pour lequel on achète encore majoritairement de la fiction française reste le DVD, même si le marché se tasse.

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Comédies et de fictions policières sont les genres favoris des Français…

Jean-Pierre PANZANI

Ces choix sont induits par la programmation des chaînes. C’est intemporel. Mais pour 7 téléspectateurs sur 10, une fiction doit d’abord reposer sur la qualité du scénario. L’importance des acteurs n’est pas à négliger : près d’un individu sur 2 peut suivre une fiction simplement en raison de la présence d’un acteur qu’il adore.