K. AUTRET (Spiil) : «L’accès au pluralisme de l’information sur internet peut être compromis au regard des différents modes de diffusion»

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Karen AUTRET, Directrice du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil)

Pour la 8ème Journée de la presse en ligne le 14 décembre prochain à la Gaîté Lyrique, le Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne) propose de se pencher sur le sujet central du lien entre les éditeurs de presse et leur public. Entretien avec Karen AUTRET, Directrice du Spiil.

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Quelle est la vocation de la 8ème Journée de la presse en ligne ?

Karen AUTRET

Organisée le 14 décembre prochain, cette journée a pour objectif de réunir et de mobiliser les professionnels de la presse et des médias au-delà même des éditeurs-adhérents du Spiil. L’idée est de pouvoir réfléchir ensemble à des problématiques plus larges que celles que nous traitons au quotidien. L’ambition est de prendre de la hauteur sur les sujets en faisant appel à des témoignages et à des partages d’expériences entre professionnels. La révolution du numérique et le bousculement des habitudes de consommation des médias créent de nouvelles problématiques en matière de diffusion de la presse.

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Quel est aujourd’hui le grand enjeu de la presse en ligne ?

Karen AUTRET

L’ensemble des positions que défend le Spiil repose sur le principe de la neutralité des supports. Les pure-players par exemple sont aujourd’hui des éditeurs de presse comme les autres. Ils s’appliquent les mêmes devoirs que l’ensemble des acteurs de la presse mais ils voudraient également détenir les mêmes droits.

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Cela signifie que la presse en ligne ne joue pas encore dans la même cour que la presse traditionnelle ?

Karen AUTRET

Ce serait exagéré de dire cela. Mais en effet, il y a une certaine distorsion de concurrence dans la manière dont l’Etat accompagne le secteur. Il y a une répartition des aides à la presse qui est déséquilibrée entre la presse papier et la presse en ligne. Pourtant, nous sommes clairement un support plébiscité aujourd’hui. Nous le voyons bien dans la manière dont les éditeurs innovent. D’ailleurs, tous les efforts de production et de diffusion sont concentrés sur le «en ligne» mais les moyens de l’Etat ne sont pas du tout orientés dans cette direction. L’idée est d’appeler à une meilleure répartition des aides pour que ce soit conforme à la manière dont on produit, diffuse et consomme l’info.

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Le Spiil avait alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics sur l’instrumentalisation du taux de TVA réduit pour la presse en ligne au service d’acteurs économiques dont la presse n’est pas le principal métier. Qu’en est-il ?

Karen AUTRET

Ce sujet nous a en effet préoccupé ces derniers mois. Nous avons dénoncé un détournement de l’utilisation de cette TVA par des acteurs qui n’étaient pas de la presse, et notamment les opérateurs téléphoniques avec leurs offres presse couplées via les kiosques en ligne. Le gouvernement en amont du budget 2018 s’est emparé du sujet et a proposé dans son article 4 de son projet loi de finances d’encadrer l’utilisation du taux de TVA réservé à la presse en ventilant l’assiette des différents taux de TVA dans les factures des opérateurs, sur le même schéma que celui mis en place à la sortie des offres triple play.

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Avez-vous un mot à rajouter ?

Karen AUTRET

Aujourd’hui, l’accès au pluralisme de l’information sur internet peut-être compromis au regard des différents mode de diffusion. C’est pourquoi nous essayons de mettre en place la promotion d’une seule presse, pour la défense d’une information journalistique. Le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne regroupe aujourd’hui 150 éditeurs indépendants représentant 180 titres de presse.