L-E. LE LAY (France TV) : «Il n’y a pas de politique cachée de renouvellement absolue des commentateurs sportifs à France TV»

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Laurent-Eric LE LAY, Directeur des sports de France Télévisions

Le sport est une composante essentielle des antennes de France Télévisions. Des Jeux olympiques aux Championnats du monde de natation ou d’athlétisme, de Roland-Garros au Tournoi des 6 Nations, du Dakar au Tour de France et aux grandes classiques cyclistes en passant par les Mondiaux d’athlétisme handisport, les 24 Heures du Mans, la finale de la Ligue des champions féminine de football, l’UEFA Euro féminin 2017 ou encore la Coupe du monde de rugby féminin, le groupe public ouvre toutes ses chaînes aux sports. Entretien avec Laurent-Eric LE LAY, Directeur des sports de France Télévisions.

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La période estivale est-elle stratégique pour francetvsport ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Absolument ! Il s’agit d’une période traditionnellement riche sur laquelle nous avons de très gros événements sportifs. C’est le cas de Roland-Garros et du Tour de France. Cette année, nous avons une programmation particulièrement dense avec un certain nombre d’autres événements sportifs (Mondiaux d’athlétisme, de natation, Euro féminin de football, Coupe du monde de rugby féminin) qui sont proposés sur nos antennes. Nous devons construire et capitaliser sur une diversité de sports. Aujourd’hui, le but de France Télévisions est bien évidemment de diffuser un certain nombre de grands événements que l’on peut considérer comme des piliers, mais aussi de travailler sur une offre diversifiée. Cette politique est accompagnée d’un partenariat conclu avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Notre ambition est de proposer des sports que l’on ne voit pas toujours sur les chaînes de télévision en clair. C’est le cas des championnats du monde de surf qui se sont tenus à Biarritz la semaine dernière.

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Quelle est votre position concernant l’acquisition de droits ? Offensive ou défensive ?

LAURENT-ERIC LE LAY

La bataille des droits existe depuis toujours et continue. On a construit notre offre éditoriale à travers un certain nombre d’événements et de sports que nous renouvelons d’année en année sur le long terme. Tout en conservant nos acquis, nous sommes bien entendu ouverts pour nous positionner éventuellement sur de nouvelles disciplines. La force de France Télévisions sur les droits, au-delà de l’aspect financier, c’est sa capacité à proposer de vrais partenariats avec les organisateurs d’événements sportifs. Ce n’est pas qu’une question d’argent, mais aussi d’exposition. France Télévisions est une des plus belles vitrines de la télévision française.

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A quels nouveaux sports pensez-vous? Les courses de drones par exemple ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Les courses de drones sont intéressantes mais elles ne s’inscrivent pas dans nos projets immédiats. D’ailleurs, nous ne sommes pas à tout prix dans une politique opportuniste.

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En quoi le numérique fait-il partie intégrante de votre stratégie ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Le numérique est une opportunité qui offre plusieurs territoires d’expression: textes, photos, vidéos. On peut ainsi raconter une histoire sportive de manière différente par rapport à la télévision linéaire. C’est un vaste champ d’expérimentation sur lequel nous entreprenons beaucoup de choses. Par la même occasion, c’est une chance de nous adresser à un public jeune.

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Souhaitez-vous renouveler votre équipe de consultants et de commentateurs ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Il n’y a pas de politique cachée de renouvellement absolue des commentateurs à France Télévisions. Nous avons une équipe experte, professionnelle et diversifiée qui constitue le socle de francetvsport. Il n’y a donc pas de raisons de les changer. Parmi les consultants, il peut y en avoir de nouveaux. C’est le cas de Marion Rousse sur le Tour de France et de Mary Pierce sur Roland-Garros.

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Chaque sport a sa chaîne dédiée : le cyclisme sur France 3, le rugby sur France 2, etc. Pourriez-vous vous octroyer plus de souplesse en matière de diffusion ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Il est important d’identifier les chaînes et les sports. La télévision est un média d’habitude, il est donc essentiel de pouvoir garder des repères pour nos téléspectateurs.

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Quels sont vos chantiers ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Nous travaillons sur les passerelles entre la télévision et le digital pour fabriquer des bascules naturelles. Pour Roland-Garros par exemple, nous diffusons les qualifications et l’intégralité du tournoi sur le numérique. Je veux capitaliser là-dessus pour accélérer notre démarche. C’est un chantier à moyen-terme.

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Quels aménagements prévoyez-vous pour «Stade 2» et «Tout le sport» ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Ce sont des rendez-vous que nous souhaitons préserver. Ces magazines évoluent à la fois sur le fond et la forme. Nous voulons conserver leur capacité de parler de la diversité des sports rarement vus sur la télévision en clair. Sur la forme, il y aura des changements sur «Tout le sport» à la rentrée.

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Considérez-vous les acteurs payants comme de simples concurrents ou de potentiels collaborateurs ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Ce sont des concurrents à partir du moment où ils se positionnent sur nos droits. Pour l’instant, ils capitalisent sur des sports à très forte valeur ajoutée avec des sommes d’argent colossales qui ne correspondent pas au budget d’investissement du service public. Nous n’étions pas un candidat naturel à la diffusion de la Champions League ni à l’Europa League (acquis par SFR).