L. HERSZBERG (Séries Mania): «Les séries françaises ont longtemps été stigmatisées»

451

Laurence HERSZBERG, Directrice de SERIES MANIA

Créé en 2010, SERIES MANIA n’a cessé de se développer en France et à l’international. Avec + de 50.000 spectateurs et 1.200 accrédités en 2017, le festival, exclusivement consacré aux séries, déménage à Lille du 27 avril au 5 mai. Rencontre avec Laurence HERSZBERG, Directrice de SERIES MANIA.

media+

Comment SERIES MANIA, dorénavant installé à Lille, marque-t-il sa différence parmi les multiples festivals de séries en France ?

Laurence HERSZBERG

L’ambition de SERIES MANIA est de devenir le festival de référence en matière de séries. Nous rayonnons dorénavant sur toute une ville. Aujourd’hui, SERIES MANIA est une rampe de lancement pour les toutes dernières créations du monde entier. Un événement festif où stars et créateurs de séries viennent à la rencontre du public. Notre festival ne se contente pas de projections, de discussions ou de rencontres. Nous montrons comment la série peut avoir des connexions avec d’autres arts. A ce titre, nous organisons trois expositions sur les séries, mettons en place un espace de réalité virtuelle, des séquences de dédicaces avec les auteurs, une web-radio ainsi que de très nombreuses activités à Lille. Des soirées musicales seront organisées : une sur le hip hop dédiée à la série «Get Down» et une soirée culinaire autour de «Game of Thrones» avec un menu spécifique. Nous sommes un festival pluridisciplinaire.

media+

Que vous inspire la concurrence exacerbée entre tous les festivals dédiés aux séries ?

Laurence HERSZBERG

Je ne parlerais pas de concurrence exacerbée. Chacun a sa spécificité : entre celui de Cannes, La Rochelle, Luchon, Biarritz et les rencontres de Fontainebleau. Il est surtout important de se dire que le festival de référence pour l’international se situe en France. C’est une manière de faire rayonner notre culture, nos séries et d’accompagner notre industrie. De la même manière, le plus grand festival de cinéma se situe à Cannes. La France a une réputation d’excellence dans les festivals et c’est à cela que nous aspirons. Nous observons beaucoup plus la concurrence étrangère avec Berlin qui veut monter sur les séries ou encore Toronto. L’enjeu est international, pas du tout hexagonal.

media+

Quelle est l’ambition de votre événement «Lille Transatlantic Dialogues» ? De quoi s’agit-il ?

Laurence HERSZBERG

Nous avons souhaité réunir jeudi 3 mai 2018 des représentants de studios et de plateformes américaines, des sociétés de création de production et de diffusion européennes et les institutions européennes qui sont à l’origine des réglementations. L’idée est de dialoguer ensemble sur le financement, le rayonnement et le droit d’auteur. Cette journée est organisée à la fois de manière formelle avec des tables rondes et de manière informelle. Parmi les grands noms de l’industrie télévisuelle qui participent à l’événement cette année : Reed Hastings, PDG de Netflix; Sophie Turner Laing, PDG d’Endemol Shine Group; Stéphane Richard, PDG d’Orange; Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions et Gilles Pélisson, PDG du Groupe TF1.

media+

L’industrie de la série TV est-elle à un tournant de son histoire?

Laurence HERSZBERG

Les plaques tectoniques bougent. Les modèles de production changent. Les chaînes ne produisent plus uniquement pour leur pays d’origine. Nous l’avions déjà compris il y a cinq ans. Les coproductions internationales étaient surtout un moyen de lever plus de fonds. Les plateformes de SVOD commanditent de plus en plus des séries locales pour les marchés locaux. Sur le plan éditorial, le volume inédit de séries produites chaque année fait que tous les risques sont possibles. La différenciation des modes de financement accentue les libertés éditoriales prises par les scénaristes et les producteurs.