Laurent DIDAILLER (PIAS France) «L’un des enjeux est de renégocier les contrats entre ayant-droits et acteurs du streaming musical»

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Laurent DIDAILLER, Président des Victoires de la Musique et Directeur général de PIAS France

Vendredi soir, en direct sur France 2, se dérouleront «Les Victoires de la Musique». Un moment déterminant et fort d’enjeux pour l’industrie musicale. Les détails avec Laurent DIDAILLER, Président des Victoires de la Musique et Directeur général de PIAS France.

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«Les Victoires de la Musique» sont-elles toujours un moment clé pour le business de l’industrie musicale ? 

Laurent DIDAILLER

En tant que producteur, c’est un moment incontournable. Non seulement cela donne une visibilité importante aux artistes, mais cela permet aussi d’accroître leur notoriété ainsi que les ventes de leurs albums. L’Académie des Victoires regroupe 600 membres représentatifs de la filière musicale composée de trois catégories : 1) «Artiste, Compositeur, Interprète, Musicien», 2) «Producteur de disques et de spectacles» et 3) tous les professionnels qui travaillent dans le milieu (représentants des médias, disquaires, techniciens du son, agents, personnalités et promoteurs indépendants). Quant à la soirée des Victoires sur France 2, elle est constamment en évolution. Il y a deux ans, nous avions drastiquement modifié la scénographie avec l’arrivée d’un nouveau producteur (Morgane). L’enjeu est de toujours mettre en perspective l’univers de l’artiste. La précédente édition avait introduit un procédé de mapping. Nous le renforçons en direct sur la scène du Zénith. Le décor s’enrichit, et l’orchestre retrouve une place plus centrale pour faire partie intégrante de l’événement. Nous avons également repensé le trophée aux couleurs des Victoires.

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Quels sont les enjeux actuels de l’industrie musicale ?

Laurent DIDAILLER

La consommation musicale en streaming progresse très fortement. En 2016, il existe quatre moyens pour consommer la musique : le CD, le download, le streaming et le vinyle. Sur ce dernier mode d’écoute, 10% de nos ventes sont réalisées par ce biais chez PIAS. Plus globalement, les gens sont beaucoup plus nombreux à écouter de la musique en 2016 par rapport aux années précédentes. Parallèlement, il y a un accès plus libre aux contenus qui permet d’écouter des musiques variées. Les revenus issus de l’écoute dématérialisée commencent à prendre le pas sur le physique. Le changement de valeur s’effectue. Mais le streaming français n’est pas à la hauteur du marché anglo-saxon en matière de pourcentage de ventes. On parle de 5% d’abonnés en France sur les plateformes musicales. L’un des enjeux est de renégocier les contrats entre ayants-droit et acteurs du streaming musical. Nous en avions aidé certains à s’installer en faisant des contrats plutôt souples. Mais sachant qu’à présent ils récupèrent de plus en plus de parts de marché, il est tout-à-fait naturel de renégocier les partages de revenus pour ne pas que les artistes et les maisons de disques se sentent lésés.

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Le secteur de la musique va-t-il vivre une nouvelle «révolution» à l’avenir ?

Laurent DIDAILLER

La vraie révolution a eu lieu avec l’arrivée du téléchargement au début des années 2000. On ne savait pas ce qui allait se passer. Le streaming a ensuite débarqué en 2007 et a progressivement changé la donne. Très honnêtement, je ne sais pas ce qui arrivera d’ici à deux ans. La vente de CD va certainement diminuer. Mais le retour du vinyle par exemple était absolument impensable il y a dix ans.

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Les chaînes de TV font-elles des efforts pour promouvoir au mieux la musique ?

Laurent DIDAILLER

France Télévisions fait un très bon travail et remet la musique en avant avec des émissions grand public et des programmes plus «spécialisés» comme «Alcaline». En tant que producteur indépendant, nous travaillons également avec les chaînes privées afin qu’elles exposent au mieux les artistes émergents qui seront les grands de demain.