«Libération» en pleine crise

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La crise s’est aggravée cette semaine à «Libération», avec le départ de deux dirigeants du journal et la rupture de plus en plus marquée entre les salariés et la direction, qui évoque une solution «de long terme», mais reste dans le flou. Après la démission la semaine dernière du directeur du journal Nicolas Demorand, dont l’autorité était violemment contestée, le quotidien a continué à vaciller ces derniers jours. Déficitaire et endetté, sans trésorerie, «Libération» verra son sort se jouer dans les prochaines semaines.  Lors d’un conseil de surveillance long et houleux mercredi, Philippe Nicolas, coprésident du directoire, a été révoqué par les actionnaires. Il a été remplacé par François Moulias, associé de l’homme d’affaires Bruno Ledoux, l’un des deux principaux actionnaires avec Edouard de Rothschild. Au cours de ce même conseil de surveillance, Anne Lauvergeon, qui en était la présidente, a démissionné et laissé sa place à Bruno Ledoux. Inquiets face à ces changements, qualifiés volontiers par des journalistes de «prise de pouvoir brutale» ou de «coup de force», et sans réponses concrètes sur les questions financières, les salariés de Libération ont déclenché vendredi en comité d’entreprise une procédure d’alerte, qui leur qui permet d’interroger la direction sur la situation économique.Une liste d’une trentaine de questions précises a été transmise à François Moulias, qui devra y répondre d’ici jeudi prochain, avant une nouvelle réunion du comité d’entreprise le lendemain. «On utilise le droit d’alerte pour en savoir plus», a indiqué Tonino Serafini, délégué SUD à «Libération», car «les réunions se succèdent, les semaines passent et on ne sait toujours pas où on va». «L’avenir est flou, et on a besoin d’une mise au point», a renchéri Hervé Marchon, délégué SNJ du journal.