M. BUSSI & J-M. RUDNICKI (Un Avion Sans Elle) : «La force de la série est de revisiter le roman sans en faire un copié-collé»

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Ce mardi 26 mars à 21h00, M6 lance en grande pompe «Un Avion Sans Elle» (RIFIFILMS & CPB FILMS), sa nouvelle série de 4X52’ librement adaptée du best-seller de Michel Bussi. Vendu à plus d’1 million d’exemplaires en France, récompensé par le Prix Maison de la Presse, le Prix du Roman Populaire et le Prix du Meilleur Polar Francophone en 2012, traduit dans 35 pays, «Un Avion Sans elle» est le plus grand succès en librairie de l’auteur français. Dans le cadre de la diffusion du polar sur M6, média+ s’est entretenu avec Michel BUSSI, Romancier et Jean-Marc RUDNICKI, réalisateur et co-scénariste de l’adaptation. Rencontre.

MEDIA +

Quelle est l’origine de l’adaptation du best-seller «Un Avion Sans Elle» en série TV pour M6 ?

JEAN-MARC RUDNICKI 

Quelques mois après la sortie du roman, à l’hiver 2012, la productrice Delphine Bouix a rapidement contacté l’éditeur du livre de Michel Bussi (Les Presses de la Cité). Pour la petite histoire, Delphine était sur le point d’accoucher. Elle est tombée sur «Le magazine de la santé» dans lequel le libraire Gérard Collard parlait d’«Un Avion Sans Elle». Les droits du roman ont été acquis avant même que le livre ne devienne un best-seller.

MEDIA +

Accordez-vous facilement les droits d’adaptation de vos ouvrages ?

MICHEL BUSSI 

Je considère cette démarche comme un cadeau qui tombe du ciel. En 2012, nous avions reçu trois propositions d’adaptation pour «Un Avion Sans Elle». Le roman menait sa petite vie. C’était aussi la première fois que des producteurs de télévision me démarchaient. Après, nous avons fait face à des principes de réalité puisqu’une adaptation reste extrêmement technique, compliquée, coûteuse et lente, surtout au niveau de la phase de négociations avec la chaîne. 

MEDIA +

Quel regard portez-vous sur les adaptations ?

MICHEL BUSSI  

L’adaptation d’un roman en série TV est une sorte de petite trahison qui l’amène vers des enjeux qui n’étaient pas forcément les plus mis en avant dans le livre.

MEDIA +

Votre crainte était-elle de dénaturer les propos de l’auteur pendant l’écriture du scénario ?

JEAN-MARC RUDNICKI 

Non, je n’avais pas l’impression de dénaturer quoi que ce soit. Il s’agit plutôt d’une arborescence à travers laquelle nous avons préservé l’état d’esprit du livre. C’est une redistribution des cartes avec des personnages qui prennent plus ou moins de place.

MEDIA +

Comment avez-vous mécanisé votre travail d’écriture sur 4 épisodes de 52’ ?

JEAN-MARC RUDNICKI 

Avec mon co-auteur Nicolas Durand-Zouky, nous avons procédé un peu à l’américaine. Sur un mur, nous avons placé des post-it représentant les personnages. On y marquait les actions et les sentiments. Nous prenions soin de placer un cliffhanger à chaque fin d’épisode. Ainsi, on commence à hiérarchiser les situations, à rééquilibrer l’importance de chaque personnage et à intégrer la tonalité enquête et romanesque. Le plus difficile est de faire comprendre les choses simplement.

MEDIA +

En tant que co-scénariste et réalisateur, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

JEAN-MARC RUDNICKI 

Il s’agissait de ma première adaptation de roman. J’ai adoré le faire. Le scénario et le roman sont deux choses très complémentaires. C’est une approche d’écriture différente. De mon côté, il a fallu que je pense d’un point de vue visuel.

MEDIA +

Faites-vous la même chose en tant qu’écrivain ?

MICHEL BUSSI 

Quand je commence à écrire un roman, je l’ai quasi intégralement en tête. Après, il y a un côté fastidieux lié à l’écriture. J’envie les romanciers qui écrivent en improvisation totale et ne savent pas quelle est la ligne d’après.

MEDIA +

Entre «Maman a tort» (France 2 – 2018) et «Le temps est assassin» (TF1 – 2019), ce n’est pas la première fois que vos livres sont adaptés…

MICHEL BUSSI  

En l’espace de 15 mois, trois adaptations de mes livres ont été diffusées en séries, alors que chaque projet a été initié à des périodes différentes. Deux autres séries tirées de mes livres ont été signées : «N’oublier jamais» et «Sang famille».  

MEDIA +

Que vous inspirent ces adaptations télévisuelles ?

MICHEL BUSSI 

C’est assez étrange car je ne regarde pas beaucoup la télévision. Quand j’ai du temps, je vais plutôt au cinéma. A priori, mes romans séduisent beaucoup plus les producteurs de télévision que ceux de cinéma.

MEDIA +

Comment l’expliquez-vous ?

MICHEL BUSSI 

Ce sont les paradoxes de la vie. Un roman feuilletonesque est très difficilement adaptable au cinéma. C’est à la fois risqué et très coûteux. Et puis, il y a une espèce de snobisme français. Les chaînes se tournent davantage vers les best-sellers populaires, tandis que les réalisateurs de cinéma se tournent vers les auteurs qui font la littérature blanche. C’est un peu dommage. Ça m’amuserait beaucoup que Roman Polanski adapte un roman de Guillaume Musso.