M. DUMAS (MD Productions) : «La vulgarité et la stupidité ont envahi les écrans de TV»

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Mireille DUMAS, Journaliste, Réalisatrice et Productrice

Journaliste, Réalisatrice et Productrice, Mireille DUMAS signe pour France 3 un documentaire sur Jean-Christophe Averty, «Les trésors cachés des variétés», diffusé ce vendredi soir. L’occasion pour média+ de l’interroger sur ses différents projets et sa vision de la télé d’aujourd’hui. 

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Avec «Les trésors cachés des variétés», vous rendez hommage à un génie de la télévision française, Jean-Christophe Averty. Que retenez-vous ?

Mireille DUMAS

Magicien de l’image, Jean-Christophe Averty nous a donné carte blanche il y a plus d’1 an pour retracer une partie de sa carrière. L’idée du film est de faire découvrir au grand public ses «variétés» jamais égalées par leur créativité et leur fantaisie à la télévision. Avant-gardiste, il a su apporter exigence, sophistication et invention dans ses programmes. Entre les années 60 et 80, il a créé pour chaque artiste qu’il côtoyait, un écrin, un décor et un univers particulier. C’est unique dans l’histoire de la télévision française.

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Vous reconnaissez-vous dans la télévision d’aujourd’hui ?

Mireille DUMAS

Pas vraiment. Souvent, je me frotte les yeux et les oreilles. La vulgarité et la stupidité ont envahi les écrans. Un tas d’émissions tirent vers le bas. A la télévision, il reste fort heureusement des espaces de création. J’ai été émerveillée de passer plusieurs mois avec Philippe Rouget avec qui j’ai réalisé ce film sur Averty. Nous étions plongés dans des archives qui nous époustouflaient par leur beauté, originalité, drôlerie et impertinence. Mais les temps ont changé. Nous sommes dans une époque où le politiquement correct est de rigueur à la télévision.

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Créée en 1991, MD Productions est à la fois votre société de production ainsi qu’une agence de presse. Quelle est votre logique ?

Mireille DUMAS

Je n’ai jamais voulu trop développer ma société. Je suis avant tout une journaliste-réalisatrice. La production est un moyen de maîtriser la création de mes émissions de A à Z. J’adore interviewer, travailler l’image et être au montage. France 3 nous commande en moyenne 4 à 5 documentaires de Prime par an. Nous leur fournissons essentiellement des portraits d’artistes français. Je prépare actuellement deux portraits croisés, comme je l’ai fait pour Balavoine, Berger et Goldman. Nous revisitons par la même occasion une époque. Concernant les magazines, je n’en ai pas proposé récemment aux chaînes. Quand je lançais des concepts comme «Bas les masques», «La vie à l’endroit», «Vie privée, vie publique», j’essayais de proposer des programmes en phase avec la société, et qui devançaient un peu les tendances.

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Vous vous interdisez de refaire de l’antenne ?

Mireille DUMAS

Si le sujet s’y prête, je pourrais revenir. Mais l’antenne ne me manque pas. Je n’en ai pas besoin pour exister. Ce qui prime, c’est ce que je peux offrir au téléspectateur.

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Et la production de fictions ?

Mireille DUMAS

L’envie de fiction est toujours là. J’ai produit en 2003 pour France 2 «Une preuve d’amour», un téléfilm de Bernard Stora. La production d’une fiction est une course de fonds. On m’a souvent sollicitée pour en refaire, y compris au cinéma. Il faut juste avoir le temps. Je suis dans la passion du moment.