Macron réclame aux dirigeants et acteurs de la high-tech mondiale de s’engager en faveur des «biens communs»

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Le président français Emmanuel Macron a réclamé mercredi à une soixantaine de dirigeants et acteurs de la high-tech mondiale invités à Paris, dont Mark Zuckerbeg (Facebook), de s’engager en faveur des «biens communs» (éducation, emploi,environnement…), avant un sommet baptisé «Tech for Good». «On ne peut pas être des «passagers clandestins» de la collectivité, même quand on fait de bonnes affaires», leur a-t-il lancé avant un déjeuner à huis-clos, alors que la France bataille pour une plus forte taxation des géants du numérique. Le chef de l’Etat a adressé quelques mots en anglais à ses invités réunis dans le jardin du Palais de l’Elysée: Satya Nadella (Microsoft), Dara Khosrowshahi (Uber), Ginni Rometty (IBM), Bill McDermott (SAP), Alex Karp (Palantir), ainsi que des patrons français (Free, Orange, OpenClassrooms…). Convive plus inattendu au vu de la fraîcheur des relations entre Paris et Kigali, le président rwandais Paul Kagame, féru de technologie, s’est entretenu en tête à tête avec M. Macron en début d’après-midi, pour sa 1ère visite à l’Elysée depuis 2011. «J’attends de vous des discussions franches et directes pour voir comment faire plus pour améliorer la situation sociale, les inégalités, le changement climatique, et résoudre ensemble ces problèmes collectifs», avait déclaré à ses invités le président français. Il avait assuré qu’il aborderait avec eux «tous les sujets», y compris les questions de fiscalité, sur lesquelles la France est en pointe à Bruxelles. Paris est aussi en procès avec Google pour un redressement fiscal de plus d’un milliard d’euros. A cette occasion, plusieurs groupes ont déjà annoncé des décisions, dont Uber et Deliveroo, qui vont offrir à leurs chauffeurs et coursiers en Europe une protection sociale privée. Le sommet organisé par l’Elysée, s’est tenu en pleine montée des critiques contre les géants d’internet sur le pillage de données, les fausses nouvelles, les comportements prédateurs ou l’évasion fiscale. En particulier Facebook, dont le patron Mark Zuckerberg, déjà interrogé par le Congrès américain, a dû s’excuser mardi devant le Parlement européen pour le manque de protection des données de ses utilisateurs, après le scandale de la firme britannique Cambridge Analytica. Le jeune entrepreneur était reçu dans la soirée en tête-à-tête par Emmanuel Macron, de même que les patrons d’IBM, Uber et Microsoft. Considéré comme ami des entreprises après ses décisions fiscales avantageuses (réduction de l’impôt sur la fortune et sur les plus-values financières), le président français a multiplié les réunions avec des chefs d’entreprise depuis son élection pour leur demander d’investir en France et de défendre l’environnement. «Il y a un «moment Macron» dans le monde de la tech américaine, un effet de mode de ce président jeune qui réforme le pays. Mais les entreprises savent qu’elles ont un problème de réputation qui peut prendre une dimension économique», ont expliqué les conseillers de l’Elysée. «Nous avons dit aux entreprises que nous organisions ce sommet il y a quelques mois en leur demandant d’apporter quelque chose et leurs décisions, qui parfois traînaient depuis longtemps, se sont cristallisées. Ce genre de sommet est un catalyseur», ont-ils ajouté. Les participants au sommet devaient se retrouver dans l’après-midi à l’hôtel Matignon, qui abrite les bureaux du Premier ministre, pour des ateliers consacrés à l’avenir du travail, de la diversité et de l’éducation, en présence de plusieurs membres du gouvernement. Le Premier ministre Edouard Philippe a clôturé le sommet en dressant le bilan de leurs annonces.La plupart des invités de l’Elysée se retrouvent ce jeudi à VivaTech, un grand raout international où sont attendues des milliers de startups et près de 80.000 visiteurs et où M. Macron prononcera un discours dans la matinée.