Malgré les crises, Facebook engrange des bénéfices record

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World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017
Mandatory Credit: Photo by GIAN EHRENZELLER/EPA/REX/Shutterstock (7916860az) The facebook logo inside the facebook Chalet on the sideline of the 47th annual meeting of the World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland, 20 January 2017. The meeting brings together enterpreneurs, scientists, chief executive and political leaders in Davos January 17 to 20. World Economic Forum, WEF, in Davos, Switzerland - 20 Jan 2017

2018 a eu beau être une année cauchemardesque en termes d’image pour Facebook, cela n’a pas empêché le premier réseau social du monde d’engranger des bénéfices record et d’attirer de nouveaux utilisateurs. Pari gagné semble-t-il pour le réseau social, qui devait à tout prix redonner confiance aux investisseurs après une année marquée par les crises à répétition, en particulier autour des données personnelles: l’action a bondi de presque 12% dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street. Touché par une crise de croissance qu’il avait anticipée avant même ces polémiques, Facebook avait connu des ratés courant 2018, l’ampleur du ralentissement surprenant les investisseurs. Mais le dernier trimestre lui a permis de faire finalement mieux que prévu même s’il a une nouvelle fois prévenu que 2019 serait marquée par une nette décélération de la croissance, du fait de la saturation publicitaire du réseau et de la hausse des dépenses. Le PDG Mark Zuckerberg, lui-même violemment mis en cause dans les différentes polémiques, a reconnu que l’année avait été «difficile», tout en assurant que le groupe avait «fait d’importants progrès» pour mieux protéger les données personnelles et assainir la plateforme. «Nous avons fondamentalement changé la façon dont nous gérons l’entreprise», a-t-il ajouté, prenant soin une nouvelle fois d’élargir le propos à tout le secteur. «En ce moment, il y a beaucoup de (choses) négatives sur l’impact de la technologie: certaines sont justifiées, d’autres non. Et le secteur technologique entier doit être surveillé de près car nous jouons un rôle dans la vie de beaucoup de gens», a-t-il dit, alors qu’élus et régulateurs du monde entier veulent demander des comptes au secteur. Cela n’a en tout cas éloigné ni annonceurs publicitaires – qui font la quasi-totalité des revenus du groupe – ni usagers. A 2,32 milliards, le nombre d’utilisateurs mensuels actifs est d’ailleurs légèrement supérieur aux prévisions. Le bénéfice net a explosé de 61% au dernier trimestre (6,9 milliards) et de 39% sur l’année (22,1 milliards), renouant avec des taux de croissance très soutenus. Sur le trimestre, le c.a. a encore crû de 30% à 16,9 milliards de dollars et de 37% (à 55,8 milliards) sur l’année, des chiffres meilleurs que prévu par les marchés. Facebook «a clairement montré que les problèmes de 2018 n’avaient pas eu d’impact durable sur sa capacité à faire croître ses revenus et ses usagers. Les annonceurs sont toujours clairement très dépendants de Facebook», a relevé Debra Aho Williamson, analyste chez eMarketer, notant en particulier un rebond du nombre d’usagers aux Etats-Unis/Canada et en Europe. Facebook demeure l’une des plus grosses plateformes de publicité numérique et peut compter sur le succès croissant de sa filiale Instagram, qui dépasse le milliard d’utilisateurs et offre – comme sa messagerie Messenger – de nouveaux débouchés publicitaires.Pour autant, l’analyste Brian Wieser (PivotalResearch Group) a estimé que les investisseurs avaient sous-estimé le ralentissement prévu de la croissance et les difficultés qui attendent le groupe en 2019. «Au final, la liste des problèmes avec lesquels se débat le groupe est longue et les solutions esquissées sont floues, avec des répercussions possibles sur toute l’entreprise et ses performances financières à long terme», a-t-il estimé. Côté stratégie, le groupe a confirmé son virage vers les modes de communication plus intimes que le traditionnel «Fil d’actualités» comme les «Stories», petits montages éphémères d’images et de texte. Un virage qui pèsera sur sa croissance car ces formats et ces plateformes sont pour l’instant bien moins rémunérateurs que le «Fil» Facebook. Facebook doit faire face à des scandales à répétition, de la diffusion de données à l’insu des usagers à la sous-estimation des manipulations politiques sur la plateforme, en passant par le recrutement de communicants aux méthodes controversées.