Matthieu BAYLE (M6) : «On explore actuellement de nouveaux territoires comme le médical, la famille ou l’évasion»

1310

Matthieu BAYLE,  Directeur de l’unité des programmes externes de flux chez M6

Toujours prêt à lancer de nouveaux programmes liés indubitablement à l’identité de la chaîne, M6 continue à explorer des territoires visant à poursuivre la dynamique de nouveautés enclenchée à l’antenne. Interrogée hier matin à l’issue de la conférence de presse du nouveau Talent Show «SuperKids» produit par Shine France, Matthieu BAYLE, Directeur de l’unité des programmes externes de flux chez M6, nous explique à la fois sa vision des choses, son rapport aux producteurs et les pistes recherchées par la chaîne.

MEDIA +

Après avoir longtemps été producteur chez Studio 89, comment exploitez-vous aujourd’hui cette expérience chez M6 ?

MATTHIEU BAYLE

Avant, je produisais en effet des émissions telles que «Top Chef», «Cauchemar en cuisine» ou «Garde à vous !». A présent, je les fais faire. Forcément, j’ai un œil assez avisé sur la manière de produire, les implications qui en découlent et les optimisations possibles. Je suis un interlocuteur pour les producteurs extérieurs et tout se passe très bien.

MEDIA +

Quelle politique éditoriale tentez-vous d’insuffler ?

MATTHIEU BAYLE

Pour construire une grille de télévision, il faut tous les types de programmes. Ce qui est certain, c’est que M6 est une chaîne plébiscitée par les Français pour sa proximité. Le slogan de la chaîne est d’ailleurs : «Continuons de grandir ensemble». Il y a eu à l’époque toute cette ère du coaching qui a été reprise depuis sur la TNT. Aujourd’hui, nous travaillons sur des Prime Time qui vont réunir la famille. C’est le cas de «SuperKids» (Shine France) qui a été pensé pour rassembler les téléspectateurs de 7 à 77 ans.

MEDIA +

Misez-vous spécifiquement sur des programmes transgénérationnels ?

MATTHIEU BAYLE

Par forcément ! Mais plus vous élargissez votre audience, plus le programme devient intéressant. M6 explore actuellement de nouveaux territoires comme le médical, la famille ou l’évasion. En interne, nous faisons des points réguliers sur les formats qui fonctionnent à l’étranger et les pistes que nous avons envie d’explorer. Il y a beaucoup de débats internes pour savoir si l’on décide ou non d’acheter un programme, ou de le mettre à l’antenne. Thomas Valentin (Vice-président du Groupe M6) dit souvent que 70% de l’audience d’un programme est faite lorsque vous choisissez de le commander et de le mettre à l’antenne. Notre travail est de savoir si les émissions sont «M6 compatibles».

MEDIA +

Dans quelle ère sommes-nous aujourd’hui ? Le Talent Show est-il toujours de vigueur ?

MATTHIEU BAYLE

Le Talent Show évolue en permanence. La tendance exacte, personne ne la connaît vraiment. Les nouveaux formats satisfaisants sur le marché ne sont pas très nombreux. C’est pourquoi nous sommes en quête d’authenticité dans tout ce que nous proposons. On ne construit pas un Talent Show de la même manière qu’il y a 10 ans. A l’époque, la promesse était de faire le show pour le show. Aujourd’hui, il faut conserver cet aspect mais avec plus d’humanité, de storytelling et donc d’histoires à raconter avant, pendant et après. Ainsi, le vecteur émotionnel est plus large pour créer de l’empathie avec le téléspectateur. On se projette beaucoup mieux dans un programme à travers des candidats dans la mesure où l’on connaît un peu leur motivation, leur vie et leur œuvre.

MEDIA +

Constatez-vous une pénurie de formats sur le marché ? 

MATTHIEU BAYLE

Les producteurs nous proposent toujours autant de formats mais ces derniers sont souvent des dérivés de programmes existants. C’est une forme de recyclage qui parfois peut être intéressante. Les grosses marques ont aujourd’hui leurs spin-off. On a plutôt tendance à imposer une licence de type «Top Chef» pour créer «Objectif Top Chef» et fédérer autour d’une marque identifiée par le public. Si un nouveau Talent Quest arrivait, nous réfléchirions deux fois avant d’y aller. Nous recherchons plutôt des portes d’entrées un peu différentes et atypiques.

MEDIA +

Pourquoi avoir choisi «SuperKids» alors que vous pouviez décliner «Incroyable Talent» version enfants ?

MATTHIEU BAYLE

Ce n’est pas tout-à-fait la même ligne. Dans «SuperKids» (Shine France) adapté d’un format hollandais qui superforme dans son pays (+15% sur la case), il n’y a pas de casseroles alors que dans «Incroyable Talent» (FremantleMedia), le tout-venant peut concourir avec des numéros parfois humoristiques… «SuperKids», c’est la promesse de grosses performances pluridisciplinaires assurées par des enfants. La mécanique et la dramatisation ne sont pas tout-à-fait les mêmes.

MEDIA +

«The Island» saison 2 démarre ce mardi soir sur M6. Est-ce le dérivé d’un format ?

MATTHIEU BAYLE

«The Island» (Shine France) est un format original. Mais quand on y pense, c’est un dérivé de programmes de survie comme «Survivor». Ce qui change, c’est la forme qui amène une modernité à l’écriture.

MEDIA +

Le format est-il toujours plus fort que l’animateur sur M6 ?

MATTHIEU BAYLE

Il me semble qui c’est en train de changer. Mais ça n’engage que moi. M6 a bien réussi à créer dans le paysage audiovisuel des incarnants proches des gens : Philippe Etchebest, Cristina Cordula ou Stéphane Plaza. Ce sont des animateurs authentiques, légitimes dans leur domaine et qui ont une dimension télégénique indéniable. Notre travail est de dépister ce type de talents. La recommandation que l’on donne aux productions externes est de dire : «trouver l’incarnant et on trouvera sans doute le programme ensemble». Sur un format sans incarnant, on ne prendra pas le risque d’y aller.