Mort d’un torero moquée sur France Inter: le CSA a reçu 1.000 signalements

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Le CSA a indiqué lundi avoir reçu un millier de signalements après la diffusion vendredi sur France Inter d’une chanson se moquant du décès d’un torero espagnol, la radio défendant de son côté le droit à «la caricature et l’outrance». Comme le prévoient les procédures, le CSA a ouvert l’instruction du dossier, indique-t-on Conseil supérieur de l’audiovisuel. Encorné et tué par un taureau à l’âge de 36 ans lors de la corrida des Fêtes d’Aire-sur-l’Adour (Landes), le matador basque espagnol Ivan Fandiño a fait l’objet le 23 juin d’une chanson de l’humoriste Frédéric Fromet, diffusée dans l’émission de Charline Vanhoenacker, «Si tu écoutes, j’annule tout». Dans ce que l’humoriste présente comme «une chanson festive», le décès d’Ivan Fandiño est tourné en dérision avec virulence, sur l’air de «Bambino»: «Tu t’es bien fait encorné, fallait pas faire le kéké», «gicle, gicle tes boyaux», «t’es parti comme une bouse». Et Frédéric Fromet transforme des parties du corps du torero en spécialités culinaires espagnoles: «le sang en gaspacho», «brochette espagnola», «superbe tortilla», «réduit en chorizo», «petites couilles en tapas»… Dimanche, 2 organisations pro-corrida, l’Union des villes taurines de France (UVTF) et l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT), avaient annoncé avoir saisi le CSA, estimant que ««les limites admissibles de la liberté d’expression» que fixent la jurisprudence, ont été largement dépassées», et réclamé «un droit de réponse» et «des excuses publiques de la part de l’auteur». La directrice de France Inter Laurence Bloch a défendu l’humoriste, tout en exprimant «toute sa compassion» à la famille d’Ivan Fandiño. La chanson s’inscrit dans une émission «dont le principe est l’humour, de pratiquer l’humour noir, s’emparer de sujets d’actualité, les moquer, les dénoncer», a-t-elle rappelé. «Que la chanson de Frédéric Fromet puisse choquer, je le comprends tout à fait, qu’on puisse considérer qu’elle soit de mauvais goût, pourquoi pas, maintenant c’est la loi du genre, le régime de la caricature, de la parodie, de l’outrance», a-t-elle dit, ajoutant que l’humoriste avait «exprimé une fracture extrêmement sauvage entre ceux qui sont pour la corrida et les anti-corridas». «Je sais qu’on ne rit pas/d’un mort mais là on a le droit», avait chanté lui-même l’humoriste, avant d’évoquer la «saloperie de corrida».