Moscovici «ouvert au compromis» quant à la taxation du numérique 

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Le commissaire européen Pierre Moscovici s’est déclaré vendredi «ouvert au compromis» avec les États membres de l’UE pour parvenir à un accord sur sa proposition de taxer les géants du numérique sur leur chiffre d’affaires. «Nous sommes ouverts à des compromis, mais il faut rentrer dans la logique du compromis», a déclaré le commissaire à la presse en marge d’une visite au salon Vivatech à Paris, appelant les États membres à ne pas attendre qu’une solution mondiale soit trouvée pour agir en Europe. «Je suis d’accord qu’il faille travailler dans le cadre de l’OCDE et dans celui du G20», a-t-il expliqué. «Mais si nous attendons encore quelques années, nous allons nous retrouver avec un gruyère européen où un certain nombre d’États membres auront mis en place leurs propres taxes, pendant que d’autres continueront à développer des pratiques d’attractivité qui creuseront encore le fossé au sein du marché intérieur», a-t-il prévenu. Certains pays européens se montrent réticents à taxer les géants de l’internet (GAFA) sur leurs chiffres d’affaires. M. Moscovici a toutefois estimé que «le verre est aux deux tiers plein», laissant entendre que le projet a déjà obtenu un soutien d’une majorité de pays membres. Le ministre des Finances du Luxembourg, Pierre Gramegna, avait regretté il y a une semaine que la Commission européenne fasse «le forcing» avec sa proposition pour mieux taxer les géants du numérique dans l’UE. Selon lui, cette question doit être abordée au niveau de l’OCDE, une institution qui n’est pas encore parvenue à trouver le consensus entre les différents pays. «Le prétexte d’évacuer la taxe parce que l’on attendrait un Godot international n’est pas un argument», a rétorqué M. Moscovici. Fin mars, la Commission européenne a proposé la mise en place rapide d’une taxe sur le chiffre d’affaires des géants du net, comme Facebook et Amazon, le temps qu’une solution soit négociée à l’échelle mondiale avec l’OCDE. Mais les petits pays comme Malte, l’Irlande et le Luxembourg, accusés de tirer profit de leur fiscalité avantageuse vis-à-vis de ces entreprises, ont sans surprise fait part de leur circonspection, tout comme la Suède, le Danemark, la Finlande mais aussi le Royaume-Uni.