Le nouveau PDG de l’AFP, Fabrice Fries, un dirigeant au profil international

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Le nouveau PDG de l’AFP, Fabrice Fries, 58 ans, est un dirigeant d’entreprises de presse et de communication au profil international, fruit d’une formation franco-américaine, que sa carrière a mené de la Commission européenne au groupe Publicis. Né le 10 mars 1960 à Lyon, il est le fils d’un professeur de médecine, et d’une ingénieur de recherche au CNRS issue de la famille Seydoux.Regard cerclé de fines lunettes, faux airs de l’acteur Christophe Lambert, l’homme est décrit par ses proches comme ceux qui l’ont côtoyé dans ses études ou sa vie professionnelle comme quelqu’un d’ouvert et de calme. Après des études dans des établissements prestigieux aux États-Unis (Berkeley, Harvard) et en France (ENS, Sciences Po Paris…), il sort de l’Ena en 1986 et intègre la Cour des comptes. Mais alors que ses origines le destinaient plutôt à faire carrière dans la haute fonction publique, il bifurque au bout de quelques années vers le privé : après avoir travaillé au sein du cabinet de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, de 1990 à 1994, il entre en 1995 à la Compagnie Générale des Eaux, ancêtre du groupe Vivendi, comme chargé de mission auprès de son dirigeant Jean-Marie Messier, ce qui lui vaudra l’étiquette de «Messier Boy». Puis il devient directeur de la stratégie (et ensuite directeur général adjoint) de son pôle presse et information professionnelle (Havas devenu Vivendi Universal Publishing) de 1997 à 2002, supervisant des magazines comme «l’Express», «l’Expansion», «l’Etudiant» ou «l’Usine nouvelle». Il dirige ensuite les sociétés Aprovia et Medimedia, issues de la cession par Vivendi de ses activités d’information professionnelle à des fonds, jusqu’en 2003. Après un passage au sein du groupe informatique Atos Origin, il intègre en 2006 Publicis, d’abord comme secrétaire général puis président de Publicis Consultants, une influente agence de relations publiques, en 2009. Un poste qu’il a quitté fin 2016, rejoignant en début d’année suivante son corps d’origine, la Cour des comptes. «Il a une très grande capacité d’écoute et une grande sérénité», affirme le communicant Franck Louvrier, qui l’avait recruté au sein de Publicis, décrivant «un homme de dialogue et de réflexion, dont la porte est toujours ouverte». «Il connaît parfaitement les enjeux européens et Publicis lui a apporté une ouverture à l’international», ajoute-t-il. «Il est très sympathique, libre, fin et plein d’humour», se remémore une ancienne condisciple de l’ENA. «Il vient d’une tradition de serviteurs de l’Etat mais s’est finalement dirigé vers le privé. L’AFP est à l’intersection de son ADN lié au service public et de sa pratique dans le monde de l’entreprise», résume Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance qui l’a lui aussi côtoyé à l’Ena, décrivant «un homme élégant, très concerné par les questions européennes, et respectueux des gens».
Toutefois il est loin de faire l’unanimité dans les entreprises où il a travaillé. «S’il peut avoir un côté assez sympathique et qu’il garde toujours son calme, c’est un type redoutable, un homme de réseaux avant tout, un gestionnaire qui ne connaît rien à l’opérationnel», assène Eric Diemer, ex-délégué syndical CGT et ancien secrétaire du CE de Publicis Consultants. «Son départ de Publicis s’est très mal passé», estime l’ex-syndicaliste qui évoque une indemnité importante sur fond de crise sociale. M. Fries est marié à une Italienne, haut fonctionnaire à la Commission européenne, et père de deux enfants.Amateur de tennis et de ski, il est l’auteur d’un ouvrage sur la politique européenne, «Les grands débats européens», publié en 1995 au Seuil.