Orange: un projet d’accord sur la transformation numérique au point mort

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Un projet d’accord sur la transformation numérique en négociation depuis près d’un an au sein d’Orange, est au point mort après son rejet par trois organisations syndicales représentatives, CGT, SUD et la CFE-CGC, qui ont exercé leur droit d’opposition, a-t-on appris lundi de sources concordantes. «A la demande de plusieurs organisations syndicales, Orange retourne en négociation afin d’améliorer le projet d’accord», a indiqué, sans plus de précision, la direction. Mais sauf nouveau texte, radicalement amendé, les trois syndicats non-signataires n’entendent rien négocier. Le projet d’accord, qui vise à donner un cadre juridique, et notamment une protection et un accompagnement des salariés adaptés aux transformations numériques, était négocié depuis juillet 2015 et soumis à signature jusqu’au 2 mai. Orange, qui se présente comme le premier employeur numérique français, espérait être la première entreprise à mettre en oeuvre un tel accord. Son DRH, Bruno Mettling, est l’auteur d’un rapport sur le sujet remis au gouvernement en septembre 2015, préconisant notamment un droit à la déconnexion, assorti d’un devoir de déconnexion, dont s’inspire le projet de loi Travail. Seules la CFDT (24,12%) et FO (14,97%) ont signé le projet d’accord, satisfaits qu’un «premier cadre» soit fixé. En revanche, la CGT (19,56%), SUD (17,51%) et la CFE-CGC (16,18%) ont fait valoir leur droit d’opposition, une procédure très rare chez Orange, rendant toute signature et mise en application de l’accord caduques. Ces trois syndicats déplorent unanimement un «manque de garanties» en matière de «sécurisation des données personnelles des salariés», de «mesure du temps de travail» et «d’impact sur l’emploi» notamment. Citant en exemple «le traçage des véhicules de l’entreprise par boîtiers électroniques», SUD dit craindre que «la digitalisation d’Orange annonce un nombre croissant d’applications susceptibles de traquer les moindres détails des activités des salariés» et déplore que le projet d’accord ne sécurise aucunement «leurs données personnelles (qui) peuvent être utilisées par l’entreprise sans leur consentement formel». La CFE-CGC, qui compte majoritairement des jeunes cadres et a organisé une université d’été sur l’impact des transformations numériques dans la société, dénonce, en outre, un «décalage entre la volonté de modernité d’Orange et le traitement de son personnel, d’un âge médian de 53 ans, loin d’être aguerri aux usages numériques» et «qui doit avant tout être accompagné et sécurisé pour être embarqué intelligemment dans l’aventure numérique plutôt que contraint».