Au Pakistan, des séries TV qui traitent des tabous de la société

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De son vivant, elle rêvait d’être célèbre et de laisser une empreinte sur son pays, le
Pakistan. Feu Qandeel Baloch, starlette des réseaux sociaux assassinée au nom de
«l’honneur», pourrait y parvenir de manière posthume via la télévision. Étranglée par son
frère en 2016, Qandeel est aujourd’hui plus célèbre que jamais. Son tragique destin a été
adapté en une série télévisée extrêmement populaire qui tente, avec d’autres du même type, de secouer les tabous sociaux du très conservateur Pakistan. «Baaghi», qui signifie
«rebelle», dépeint l’ascension sociale de la jeune Qandeel, aux origines modestes mais
devenue une sensation sur les réseaux sociaux jusqu’à son retentissant assassinat. La série
est diffusée chaque jeudi sur la chaîne Urdu 1. L’épisode pilote a été vu plus de 1,6 million
de fois sur YouTube. «Cette fille était une lionne. Elle n’aurait pas dû mourir si tôt», soupire
une scénariste de la série, Shazia Khan. Le sort de Qandeel avait polarisé le Pakistan.
Certains s’en étaient saisis pour dénoncer les crimes dits «d’honneur», qui coûtent la vie à
des centaines de Pakistanaises chaque année et restent généralement impunis. Mais
d’autres voix plus conservatrices avaient accusé la jeune femme d’avoir dépassé les bornes
avec ses selfies et vidéos provocateurs, estimant qu’elle avait, en un sens, mérité son sort.
L’adaptation de son histoire à la télévision a donné un nouveau coup de fouet au débat sur
ce type de crimes.