Paris capitale des tournages

607

Paris est une star, dont les rues et les monuments sont tellement convoités par l’objectif qu’ils en font, avec New York, la ville la plus filmée au monde en décors naturels. Un tel écrin méritait bien une vitrine: Louvre, Château de Versailles, Champs-Elysées, Musée d’Orsay, les aéroports pour y arriver et les gares pour en partir, tout le monde s’exposait cette semaine au premier salon des lieux de tournage destiné aux directeurs de production, régisseurs, repéreurs…. «Paris et ses monuments ont une puissance iconique exceptionnelle car leur notoriété est universelle», relève Olivier-René Veillon, directeur de la commission du film d’Ile-de-France, à l’initiative de ce salon.
Woody Allen ne fait d’ailleurs pas semblant d’y croire, qui propose en guise de bande-annonce pour «Midnight in Paris» un clip sur fond d’accordéon visitant Montmartre, les quais de Seine, le musée Rodin, les Tuileries… Même s’il s’agit surtout, pour le réalisateur américain, de protéger l’intrigue, c’est aussi l’occasion d’un coup de chapeau à une ville qu’il adule. En outre, Paris se filme gratuitement contrairement à une ville comme New York: «l’occupation de la voie publique est gratuite, seul le stationnement est payant. Et on facture nos effectifs», indique le commandant Sylvie Barnaud, chargée de veiller aux tournages à la préfecture de police, qui en gère environ un millier par an – déjà 30 longs-métrages depuis le 1er janvier. «C’est parfois même la fascination d’un réalisateur pour un lieu qui déclenche le projet», reprend M. Veillon en citant «Night and Day» du Coréen Hong Sang soo, qui s’ouvre au Musée d’Orsay, face à «L’Origine du monde», le singulier tableau de Courbet. Ce salon doit faciliter la prise de contact des professionnels pour chaque lieu ou établissement emblématique. En tête de gondole, le Louvre et Versailles, deux stars universelles qui se louent respectivement, pour un long métrage, de 8 à 16.000 euros par jour pour le premier et 15.000 euros HT par jour (en intérieur; 10.000 en extérieur). «Le Louvre accueille une centaine de tournages par an (téléfilms et documentaires inclus) et on étudie toutes les demandes», assure Joëlle Cinq-Fraix, qui dirige une équipe dédiée créée il y a deux ans et demi. La traduction d’une «véritable volonté politique» des autorités du musée, déterminées à ouvrir leur temple aux caméras. «Le Louvre est en soi un personnage de film. L’idée même qu’on puisse y tourner est fondamentale pour attirer les tournages à Paris», insiste-t-elle. A côté, le château de Versailles a déjà accueilli quatre longs-métrages depuis janvier et le 5ème, «Les Adieux à la Reine» de Benoît Jacquot, avec Diane sKruger, démarrera le 23 mai, détaille Jeanne Hollande, à la direction des relations extérieures. Plus de 170 films ont été tournés au château à ce jour, dont le fameux «Si Versailles m’était conté» de Sacha Guitry (1954) et «Marie-Antoinette» de Sofia Coppola (2006) – dix-neuf jours de tournage étalés sur deux mois et demi, hors des heures d’ouverture au public. Woody Allen y a fait aussi une incursion l’été dernier.