Le patron de Qwant, concurrent de Google, espère que la très sensible réforme du droit d’auteur «marche»

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Le patron du moteur de recherche indépendant français Qwant, concurrent de Google, souhaite que la très sensible réforme du droit d’auteur votée au Parlement européen «marche», sans écarter cependant le risque que les géants du numérique ne raflent la mise.
Après une féroce bataille au Parlement européen, artistes et éditeurs de presse ont obtenu une modernisation des règles du droit d’auteur, pour stopper le pillage dont ils s’estiment victimes de la part des géants du numérique.
«Ce que j’espère, c’est que ça va marcher», a déclaré jeudi Éric Leandri, co-fondateur et président de Qwant qui est une alternative au moteur de recherches de Google. Mais il faudra que les éditeurs de presse soient «très collectifs», parce que «si on fait des erreurs, cela profitera aux géants du numérique, et on va tous se retrouver sous» la domination des géants du numérique, à l’inverse des objectifs de la réforme, a-t-il prévenu.
Pour les éditeurs de presse, le risque est que Google ou Facebook par exemple ne référencent plus les articles de presse, selon M. Leandri: «ils pourraient dire (aux éditeurs) «il n’y a aucune raison de vous envoyer du monde (sur vos sites) si c’est payant de vous envoyer du monde»». Google et Facebook pourraient tenter de nouer des accords individuels avec les éditeurs de presse, refusant de référencer ceux qui refuseraient leurs termes, a-t-il expliqué. «Vous risquez d’avoir Google qui dit «moi je n’envoie plus personne chez vous, vous mettez les articles chez moi, et ça reste dans mon univers»», a-t-il ajouté. D’où la nécessité pour les éditeurs de presse de jouer «collectif» et de ne pas se laisser diviser. Leur force est que sans eux, «il n’y pas de Google News, il n’y a que du Google No News», a-t-il ironisé.
M. Leandri s’exprimait jeudi lors d’une conférence de presse de présentation de son alliance avec Brave, un navigateur internet américain qui permet aux internautes de se protéger contre la collecte de leurs données personnelles.
Brave a été fondé en 2016 par Brendan Eich, un vétéran d’internet qui fut l’inventeur en 1995 de JavaScript, un langage de programmation par un grand nombre de site web. Brave revendique aujourd’hui 4 millions d’utilisateurs actifs par mois. Qwant affirme lui avoir enregistré 70 millions de visites en juillet.
Selon ses concepteurs, il bloque les publicités invasives, les traqueurs publicitaires, et «permet une navigation 2 à 8 fois plus rapide que Chrome et Safari sur mobile». Il installera Qwant comme moteur de recherche par défaut en France et en Allemagne, les deux bastions du moteur de recherche indépendant français.
Qwant comme Brave ne veulent pas supprimer la publicité, qu’ils reconnaissent nécessaire pour financer les sites web et l’économie d’internet Mais ils veulent supprimer la collecte de données sur les internautes par les Google, Facebook et autres Bing, qu’ils assimilent à une «surveillance» dangereuse pour les libertés publiques.