Pékin resserre encore le contrôle de l’information en ligne

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La Chine a promulgué une nouvelle réglementation qui renforce l’emprise du régime communiste sur les fournisseurs d’information en ligne à l’approche d’un important congrès du parti au pouvoir en fin d’année. L’internet est très contrôlé en Chine, dont le gouvernement bloque des réseaux sociaux étrangers comme Facebook et Twitter et censure tous les contenus jugés politiquement sensibles. Mais une nouvelle réglementation publiée par l’Administration chinoise du cyberespace (ACC) va resserrer encore ce contrôle à compter du 1er juin, a annoncé mercredi l’agence Chine nouvelle. Les sites internet, applications, forums de discussion, blogs, microblogs, médias sociaux, messageries instantanées et plateformes de vidéo en direct ou tout autres entités sélectionnant ou publiant des informations devront désormais obtenir un permis avant de diffuser des contenus concernant le gouvernement, l’économie, l’armée, la diplomatie ou les problèmes sociaux, a précisé l’ACC. Ces fournisseurs doivent «guider correctement l’opinion publique» et «servir la cause du socialisme» tout en «préservant l’intérêt de la nation et du peuple», a précisé l’organe d’Etat, à quelques mois du Congrès quinquennal du Parti communiste chinois, qui devrait donner un nouveau mandat au président Xi Jinping à la tête du pays. Les entités qui ne reçoivent pas d’argent public ne seront pas autorisées à effectuer des reportages originaux, selon la même source.Les employés des services en ligne devront suivre une formation et une évaluation sanctionnées par l’Etat, qui leur attribuera une accréditation officielle. Les nominations des plus hauts responsables devront être approuvées officiellement. Il sera enfin interdit d’établir une coentreprise avec un partenaire étranger sans passer au préalable «une évaluation sécuritaire» validée par le gouvernement central. Les contrevenants s’exposent à des amendes de 30.000 yuans (4.000 euros) et à une révocation de leur licence. D’après le spécialiste des médias Qiao Mu, ancien professeur à l’Université des études étrangères de Pékin, cette disposition vise à «instiller la peur» chez les médias privés comme le mastodonte Tencent. «Ils n’oseront pas couvrir des informations sensibles et se contenteront de répercuter les contenus des médias officiels sur ce type de sujets, eux-mêmes se cantonnant à l’actualité financière, au show biz et au sport», a déclaré M.Qiao. Ces médias «pratiquent déjà l’autocensure car ils comprennent les règles non écrites, mais maintenant ces règles sont claires et écrites noir sur blanc», a-t-il souligné. Dans un rapport publié la semaine dernière, Reporters sans frontières a classé la Chine au 176e rang mondial sur 180 pays pour la liberté de la presse, juste devant la Syrie. Une liberté qui s’est réduite depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012. «Avec l’arrivée au pouvoir de la direction actuelle, l’idéologie semble s’éloigner des idéaux du libéralisme économique», a observé M. Qiao. «On dirait une renaissance de la Révolution culturelle».