Plaintes de téléspectateurs concernant «Super Nanny» (TF1/ NT1): préconisations du CSA aux éditeurs

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CSA

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été saisi d’une pétition et de plusieurs plaintes relatives au programme Super Nanny diffusé sur les antennes de TF1 et NT1. Les plaignants estiment notamment que le comportement de l’animatrice et les méthodes éducatives proposées relèvent de la violence envers les enfants et s’inquiètent du risque d’atteinte au droit à l’image des jeunes participants et à leur épanouissement futur. Sensible aux enjeux relatifs à la protection des jeunes participants ainsi que des jeunes téléspectateurs qui sont nombreux à regarder cette émission, le Conseil a examiné ce dossier le 18 janvier 2017.

S’il n’a pas relevé de manquement aux obligations des services TF1 et NT1, il s’interroge néanmoins sur l’impact que le tournage, la diffusion et les rediffusions de l’émission pourraient avoir sur les jeunes participants et les téléspectateurs. Il estime à cet égard que l’éditeur se doit d’être particulièrement vigilant sur ces questions et pourrait prendre des précautions supplémentaires afin d’assurer la protection la plus effective possible des enfants concernés. Le Conseil a ainsi souhaité faire part aux éditeurs de ses préconisations issues notamment d’échanges avec les chaînes concernées, la société de production et le comité d’experts du jeune public. Il invite les éditeurs concernés à redemander l’accord des participants avant une éventuelle rediffusion ou une nouvelle mise à disposition de l’émission ou de ses extraits sur les services de médias audiovisuels à la demande pour tenir compte du développement de l’enfant ; à faire preuve d’une vigilance particulière vis-à-vis de scènes susceptibles de gêner l’enfant. En effet, l’accent porté sur certains aspects de la vie quotidienne de l’enfant ne devrait pas faire oublier le nécessaire respect de son bien-être au moment du tournage, ainsi que de son image lors de la diffusion ou des rediffusions de l’émission ; à veiller à ce que le comportement de l’enfant ne soit pas présenté comme l’unique source de difficulté et que l’enfant ne soit pas réduit à son comportement problématique. Cela pourrait se faire, par exemple, par le biais de scènes ou de références aux aspects de la vie de l’enfant non liés à son environnement familial (enfant partant à l’école, racontant sa journée, ses succès et réalisations, jouant avec des amis ou pratiquant une activité sportive). L’enfant pourrait également s’exprimer, selon sa maturité, sur des sujets qui le concernent ; à rester vigilant vis-à-vis de l’impact que l’émission pourrait avoir sur les familles téléspectatrices. En effet, il conviendrait de garder à l’esprit que certains parents rencontrant des difficultés familiales plus sérieuses pourraient voir, dans les conseils proposés, des solutions adaptées à tout conflit au lieu de se tourner vers un spécialiste ; et enfin à sensibiliser les téléspectateurs à l’existence de différentes manières d’aborder le processus éducatif.

Enfin, le Conseil demande aux chaînes de veiller à ce que les titulaires de l’autorité parentale soient informés, par écrit et de manière précise, qu’ils disposent d’un droit de rétractation, dans les conditions prévues par la réglementation et la jurisprudence, conformément à la délibération du 17 avril 2007 relative à l’intervention de mineurs dans le cadre d’émissions de télévision.