Plus de 20 ans après avoir tiré sa  révérence, la série «Roseanne» est revenue mardi sur la chaîne américaine ABC pour une dixième saison

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Plus de 20 ans après avoir tiré sa révérence, la série «Roseanne» est revenue mardi sur la chaîne américaine ABC pour une dixième saison avec une héroïne électrice de Trump, comme sa créatrice, Roseanne Barr. La série «Roseanne» (1988-1997) est considérée, aux Etats-Unis, comme l’une des plus marquantes des années 1980 et 1990. Elle avait fait le choix de dépeindre une famille peinant à joindre les deux bouts, illustration d’une Amérique rarement montrée à la télévision. 
Lors de sa deuxième saison, la série fut même en tête des audiences devant le «Cosby Show», qui paraissait indéboulonnable, avant de perdre en popularité au milieu des années 1990. Pour cette nouvelle saison, qui compte neuf épisodes, Roseanne Barr a repris son personnage, mais aussi la plume pour co-écrire le scénario, comme elle l’avait pour tous les épisodes des neuf premières années. Comme lors des saisons passées, elle a brossé une Roseanne qui lui ressemble et qui, comme elle, a voté Donald Trump en 2016. «Il a parlé d’emploi. Il a dit qu’il allait faire bouger les choses», se justifie-t-elle face à sa soeur, Jackie (Laurie Metcalf), démocrate et farouchement anti-Trump. Grâce à son écriture plus complexe qu’il n’y paraît, Roseanne Barr évite la caricature, mais pas un certain idéalisme, imaginant une société américaine dans lequel les deux camps pourraient encore se parler, et s’écouter. Celle qui cite régulièrement la chaîne Fox News n’a cependant pas pu s’empêcher de dépeindre une Jackie au bord de l’hystérie, visiblement censée être à l’image des activistes anti-Trump. 
Fidèle à sa ligne originelle, Roseanne Barr n’embellit rien de la situation de la famille Conner, avec une mère (Roseanne) qui prend des anti-dépresseurs et des enfants qui ont raté leur ascension sociale. C’est l’Amérique ouvrière, qui n’a pas les moyens de s’offrir un couverture santé décente, et dans laquelle on aimerait bien «se poser deux secondes sans avoir à stresser pour l’argent», comme le dit l’aînée de Roseanne, Becky. Pour joindre les deux bouts, Becky accepte d’ailleurs de porter l’enfant d’une autre, ce qui met sa famille en colère. Trente ans après les débuts de «Roseanne», et bien que le paysage télévisuel n’ait plus rien à voir avec près de 500 séries américaines en production en 2017, les programmes qui s’intéressent à l’Amérique modeste sont encore rares. «Shameless» (Showtime) ou «One Day at a Time» (Netflix) sont des succès, mais ne s’approchent pas de l’Amérique conservatrice d’aussi près que «Roseanne», plutôt salué par la critique.