Le président philippin Rodrigo Duterte ouvre le marché philippin à China Telecom

357

Le président philippin Rodrigo Duterte, qui a réorienté vers Pékin la diplomatie de son pays, a proposé à China Telecom de devenir le 3ème opérateur de téléphonie dans l’archipel afin de briser le monopole de 2 groupes locaux, a annoncé mardi son porte-parole. Cette offre s’inscrit dans les efforts du président en faveur d’une amélioration des relations avec la Chine, en prenant à la fois en compte les dimensions politiques et économiques, a expliqué aux journalistes Harry Roque. «Cela est venu dans des négociations bilatérales entre les Philippines et la Chine», a-t-il dit. «Et l’opérateur que la Chine a finalement choisi, China Telecom, est sans doute possible l’un des plus grands au monde». «C’était une décision politique du président que de le proposer à une entreprise chinoise. Elle visait aussi j’imagine à renforcer les relations bilatérales avec la Chine».Le président philippin a plusieurs fois affirmé qu’il voulait faire entrer un troisième opérateur télécom sur le marché philippin afin d’accentuer la concurrence et d’améliorer la qualité du service. L’archipel a en effet la réputation d’être un des pays d’Asie où l’internet est le plus lent. Deux opérateurs y coexistent actuellement: PLOT et Globe Telecom. Bien que China Telecom ait été choisi pour être ce troisième opérateur, l’entreprise a affirmé qu’elle n’avait pas encore décidé si elle allait accepter ou non la proposition de Manille. «China Telecom réalise actuellement une étude préliminaire sur l’opportunité d’investir aux Philippines et rien de concret n’est pour l’instant décidé», a dit le groupe dans un communiqué.China Telecom devrait le cas échéant s’allier avec une entreprise philippine car le marché philippin des télécoms est théoriquement interdit aux entreprises dont les capitaux sont majoritairement étrangers. M. Duterte a opéré un virage diplomatique radical après son arrivée au pouvoir en 2016, s’éloignant de l’allié traditionnel américain du fait notamment des critiques de l’ex-président américain Barack Obama contre sa sanglante campagne contre le trafic de drogue. En dépit des âpres contentieux territoriaux entre Manille et Pékin en mer de Chine méridionale, M. Duterte a cherché à renforcer les relations économiques, militaires et politiques avec la Chine. Mais certains de ses adversaires s’inquiètent de l’importance des concessions philippines dans un revirement diplomatique qui a davantage profité selon eux à Pékin qu’à Manille.