Les programmes français s’exportent bien

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Les ventes de programmes audiovisuels français à l’étranger ont passé la barre des 200 millions d’euros en 2017, avec un poids croissant des plateformes de streaming, mais les coproductions ont baissé, ont annoncé jeudi TV France International (TVFI) et le Centre national du cinéma (CNC). «L’ensemble des exportations audiovisuelles françaises représente plus de 325 millions d’euros en 2017. C’est une année historique, la deuxième meilleure en 20 ans», a salué lors d’une conférence de presse Frédérique Bredin, la présidente du CNC. Au total, les exportations ont baissé de 3,2% par rapport à 2016, qui était une année record. Dans le détail, les ventes ont progressé pour atteindre 205 millions d’euros (+8,5%) quand les préventes à l’étranger se sont tassées à 63 millions d’euros (-11%), comme les coproductions qui ont chuté de 25% à 57 millions, des variations qui s’expliquent par les cycles de production des oeuvres. L’année 2017 a été marquée par une forte augmentation des exportations vers les États-Unis et le Canada (+16%) et surtout par le poids croissant des plateformes de streaming (type Netflix, Amazon, Hulu…) qui permettent de faire circuler les programmes français dans des zones où ils n’étaient auparavant pas présents, a souligné le président de TVFI, Hervé Michel. «Ce sont des chiffres bien orientés mais nos concurrents sont habités du même désir d’accroître leur «soft power» (politique de rayonnement culturel, ndlr). Il faut demeurer vigilant et créatif», a-t-il nuancé. «L’exportation est un relais de croissance indispensable pour le secteur», a estimé la présidente du CNC, qui a mis en place une batterie d’aides à l’export et prépare un plan dédié aux séries qui sera mis en place d’ici la fin de l’année. «Il y a beaucoup d’accords de coproduction dans le cinéma et pas assez dans l’audiovisuel», a-t-elle regretté. Par genre, c’est encore une fois l’animation qui enregistre les meilleurs résultats, représentant 37% des ventes françaises, soit près de 76 millions d’euros, avec des succès comme «Grizzly et les Lemmings» ou «Molang». Les fictions ont quant à elles progressé de 28% pour atteindre 64 millions d’euros, soutenues par des séries comme «Baron noir», «Zone Blanche», «La Mante», «Candice Renoir», «Missions» ou «Trepalium».
Les documentaires ne sont pas en reste avec leur deuxième meilleur résultat en 10 ans et près de 36 millions d’euros de ventes. Par pays, l’Allemagne est le premier acheteur de programmes français, suivie des États-Unis et de la Belgique. Les «droits Monde» (des contrats de cession pour plusieurs territoires) ont explosé l’an dernier et représentent désormais 14% des ventes, illustrant la montée en puissance des plateformes de vidéos à la demande (75% des droits monde contre 28% en 2016). Néanmoins leurs tarifs d’acquisition restent souvent orientés à la baisse, souligne l’étude, ajoutant que les questions de fenêtres d’exploitation, d’exclusivité et d’étendue des droits complexifient le marché des ventes internationales. Leur place croissante «doit nous alerter sur leurs pratiques commerciales, avec une attention particulière aux droits d’auteur», a prévenu Frédérique Bredin. «C’est indispensable qu’elles contribuent au dynamisme du secteur», a-t-elle estimé, rappelant que c’était prévu par la directive européenne sur les services de médias audiovisuel (ou SMA), qui doit être transposée en droit français dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel. Cette directive oblige notamment les plateformes à diffuser 30% d’oeuvres européennes, une «avancée historique» et une «opportunité pour les programmes français» selon elle.