Radio France: Gallet défend farouchement son projet et son poste

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Mis sur le gril mercredi matin par des députés, le PDG de Radio France Mathieu Gallet a farouchement défendu son projet et son poste et minimisé le conflit social qui paralyse l’antenne depuis 21 jours, juste avant un CCE crucial. «J’ai encore 4 ans de mandat et pendant 4 ans, je ne lâcherai rien sur mes convictions», a-t-il lancé devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée, qui lui demandaient comment sortir de la grève et maintenir les missions de service public tout en réduisant les coûts. Vers 14h00, il devait cette fois affronter les élus du personnel en leur présentant un plan stratégique comprenant notamment des mesures d’économies et quelque 300 suppressions d’emplois. 

Face aux députés, le jeune patron de Radio France a défendu pied à pied ses projets pour le groupe, à commencer par le développement du numérique, le rajeunissement des audiences et l’extension du réseau de France Bleu. «Je vais continuer sur ce projet, le défendre, le mettre en place avec les collaborateurs», a-t-il martelé, déterminé malgré la grève, la plus longue qu’ait connue la radio publique depuis mai 68. «Toute la Maison de la radio devra porter ces efforts, mais si je liste vos questions, je ne sais pas trop où je vais faire des économies», a-t-il rétorqué aux députés. Selon lui, la grande majorité du personnel le soutient. «Ma conviction est que les salariés de Radio France dans leur grande majorité sont pour» mon projet. «Je reçois des messages, notamment des gens de France Bleu, qui me disent «tenez bon», qui me renforcent dans ma conviction», a-t-il dit. Pour mettre en oeuvre ce projet, «on aura peut-être besoin d’une intervention extérieure pour nous aider sur le retissage du dialogue social», a-t-il reconnu. Ce qui signifie un éventuel recours à des experts extérieurs, a précisé ensuite la direction, mais pas à la médiation réclamée par les syndicats comme préalable à la sortie de la grève. Il a aussi écarté toute critique sur l’embauche de consultants à l’INA et à Radio France, révélée par Le «Canard enchaîné». «Ça fait 4 semaines que le «Canard» me canarde», a-t-il déploré. Selon l’hebdomadaire, «j’ai dépensé un million d’euros en 4 ans en conseils de communication. Grosso modo, c’est un conseil coiffure et maquillage», a-t-il ironisé. «Moi, je défends qu’on a besoin d’expertises externes». «Où est le problème?». 

Du côté des grévistes, réunis au même moment en assemblée générale, le climat restait très tendu. Pendant l’audition du PDG, les syndicats ont publié un communiqué intitulé «ne rien lâcher». Une nouvelle AG sur la suite du mouvement devait se tenir vers 15h00. Mathieu Gallet «n’était pas dans un esprit d’ouverture. On a besoin d’un dialogue social et c’est pas en disant «Je ne lâcherai rien» qu’on le fait», a commenté Philippe Ballet (Unsa). «Au CCE, les élus vont lire une motion très forte où ils réaffirment la défiance envers Mathieu Gallet, la nécessité d’une médiation et le rejet du projet qui n’a aucune substance», a-t-il annoncé. Le plan stratégique présenté mercredi vise à assainir les comptes du groupe (4.600 salariés), en déficit de 21,3 millions d’euros cette année, en raison d’une stagnation des dotations publiques alors que les charges augmentent. Un redressement financier qui passe par des réductions d’effectifs, l’arrêt des ondes longues et moyennes, la création de webradios et une refonte de France Musique, selon ce plan. Il est ainsi prévu «une réduction nette d’effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein», avec 300 à 380 départs volontaires dans tous les secteurs d’activité, en partie compensés par la création de 50 postes dans de nouveaux métiers. Impact: une réduction de «18 à 24 millions d’euros» de la masse salariale.