Repris en main par son fondateur Patrick Drahi, Altice Europe (SFR) semble sur la voie de la rédemption

626

Repris en main par son fondateur Patrick Drahi après une chute boursière en novembre, le groupe de télécoms et médias Altice Europe (SFR), semble sur la voie de la rédemption, attirant de nouveaux clients sur le marché français. Le deuxième opérateur français a séduit plus de 300.000 clients supplémentaires dans l’Hexagone en fixe et mobile, un chiffre à mettre en rapport avec les plus de deux millions d’abonnés qui avaient été perdus au total depuis le rachat du groupe à Vivendi, en 2014.Pour la première fois depuis son passage sous le pavillon Altice, SFR gagne en effet des abonnés tant sur le fixe que sur le mobile: 71.000 sur le fixe, grâce au recrutement de 96.000 abonnés à la fibre sur le trimestre, et 239.000 sur le mobile, meilleure performance du groupe depuis quatre ans. «Sur le premier trimestre, Altice commence à voir les résultats de son plan de redressement stratégique, avec les meilleurs résultats jamais réalisés en terme d’abonnements. Notre stratégie porte ses fruits», s’est félicité M.Drahi, cité dans un communiqué. Un flou ressenti dans la stratégie précédente à la tête du groupe avait été durement sanctionné par les marchés lors de la présentation des résultats du troisième trimestre 2017, provoquant une chute de plus de 50% du titre à la Bourse d’Amsterdam. S’en était suivi un large remaniement de la direction, avec le retour aux affaires de M. Drahi, une séparation des activités américaines et européennes, qui sera effective en juin prochain, et un recentrage sur les télécoms et la satisfaction clients. Là encore, le groupe souligne une amélioration de l’image, avec un taux de départ des abonnés en baisse et un niveau d’appel et de rappel au service clients également en amélioration. Certes, cela ne se traduit pas encore sur le chiffre d’affaires, qui reste stable sur le trimestre au niveau d’Altice Europe, à 3,56 milliards d’euros, et même en légère baisse en France, de l’ordre de 1%. La marge d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) se replie de 0,1 point à 35,7%, même si elle reste l’une des meilleures du secteur.Mais la tendance est là: la baisse des ventes ralentit et le groupe regagne des abonnés sur ses deux principaux marchés, la France et le Portugal. De bons résultats salués par les marchés, le titre Altice prenant 8,77% à la Bourse d’Amsterdam, à 8,55 euros à 10h30, sur une place en légère hausse de 0,12%. «Altice publie des chiffres qui montrent que le plus dur est sans doute passé en Europe», estiment les analystes de Aurel BGC, l’entreprise enregistrant «la meilleure performance depuis que le groupe de Patrick Drahi a pris le contrôle de SFR. Au Portugal aussi, les chiffres de la conquête de clients sont meilleurs». Au Portugal, deuxième marché du groupe, la base clients sur le fixe est également en progression, de 4.000 nouveaux contrats, là encore sous l’effet de la fibre, qui augmente de 49.000 nouveaux abonnés sur le trimestre, en accélération par rapport à un an plus tôt (+31.000). Ces recrutements n’ont cependant pas encore d’effet sur le chiffre d’affaires de l’opérateur MEO, qui se replie de 6,5% sur le trimestre avec une marge d’Ebitda en recul de 4 points à 43,3%. Pour le groupe, reste le niveau d’endettement, toujours élevé en Europe à plus de 31 milliards d’euros, sur lequel la direction souhaite rassurer, en se séparant notamment des actifs non essentiels. Ces ventes en cours concernent en particulier les pylônes mobiles, puisque 10.000 ont été vendus en France, et 3.000 au Portugal, alors que les actifs en République dominicaine pourraient être vendus au second semestre.