Rumeurs meurtrières: l’Inde a appelé la messagerie mobile WhatsApp à «agir immédiatement»

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L’Inde a appelé la messagerie mobile WhatsApp à «agir immédiatement» pour mettre un terme à la propagation des fausses rumeurs
qui causent une vague de lynchages dans ce pays d’Asie du Sud. Plus d’une vingtaine de personnes ont perdu la vie ces deux
derniers mois en Inde, victimes de «fake news» virales sur la prétendue présence de ravisseurs d’enfants dans la zone, d’après un
décompte de médias indiens.
Ces attaques, qui visent généralement des personnes étrangères au lieu de l’attaque, mettent les autorités en grande difficulté. Les
campagnes de sensibilisation et les déclarations publiques n’ont pour l’instant qu’une portée limitée. Dans un communiqué sévère, le
ministère de l’électronique et des technologies de l’information indien a exprimé mardi soir aux dirigeants de WhatsApp sa
«désapprobation profonde» des «messages irresponsables et explosifs». «Le gouvernement a aussi indiqué catégoriquement que
WhatsApp doit agir immédiatement pour mettre fin à cette menace», a rapporté le texte.
Dans sa lettre de réponse aux autorités indiennes, WhatsApp s’est dit «horrifié» par ces lynchages, qualifiant ce phénomène de «défi
qui requiert du gouvernement, de la société civile et des entreprises technologiques de travailler main dans la main». Propriété de
Facebook, la messagerie a indiqué tester en Inde un dispositif pour signaler si un message a été écrit par l’envoyeur ou si celui-ci l’a
simplement transféré, mode de propagation habituel des rumeurs. Elle a aussi mis en avant sa collaboration avec des organisations
de fact-checking dans d’autres pays du monde, comme le Mexique et le Brésil, et dit réfléchir à développer ces opérations en Inde.
Les rumeurs meurtrières ne sont pas un phénomène nouveau en Inde, comme dans de nombreux autres pays du monde, mais leur
émergence est facilitée par l’accélération et la démocratisation des moyens de communication numériques.
Surfant sur la guerre des prix des opérateurs de téléphonie mobile, les réseaux sociaux pénètrent désormais jusque dans les villages
les plus reculés d’Inde. Whatsapp compte plus de 200 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans ce géant de 1,25 milliard
d’habitants.
Le premier «lynchage WhatsApp» connu dans le pays remonte à mai 2017, dans l’État pauvre du Jharkhand (est), où des foules
avaient lynché huit personnes.Après un an d’accalmie, ce fléau a pris une nouvelle ampleur depuis le début du mois de mai de cette
année, avec des épisodes de violences désormais recensés dans une dizaine d’États de l’Inde.