Russie : le contrôle d’internet dénoncé par une ONG

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Une ONG de défense des droits de l’Homme a accusé mardi les autorités russes de mener une «campagne militaire» contre la liberté d’internet, en dénonçant un contrôle du cyberespace propre à un «état de guerre». «La politique russe à l’égard d’internet a été caractérisée ces cinq dernières années par les mots «attaque», «campagne» et «ennemis», et s’est transformée pratiquement en campagne militaire contre le net libre», a affirmé l’ONG Agora dans un rapport présenté à Moscou. «Dans ces conditions, les autorités russes ont commencé à traiter internet comme une zone de combat» où «la critique la plus innocente» du pouvoir et toute tentative de contester ce qu’il fait «sont perçues comme une attaque armée», assure cette ONG réunissant une cinquantaine d’avocats spécialisés dans la défense des droits de l’Homme. Les auteurs du rapport dénoncent notamment une «forte censure» d’internet et des «pressions» de plus en plus fréquentes contre ses utilisateurs. Le rapport cite le cas du blogueur Alexeï Koungourov, condamné à deux ans de camp en décembre à Tioumen (Oural) pour avoir publié sur son blog un article critiquant la campagne de bombardements aériens russe menée depuis 2015 en Syrie en soutien au régime de Bachar al-Assad. L’ingénieur Andreï Boubeïev a été condamné à Tver (centre) en mai 2016 à deux ans et trois mois de camp pour avoir partagé sur les réseaux sociaux des articles proukrainiens hostiles à la Russie, qui ont été qualifiés par la justice russe de «propagande extrémiste». «Tout cela permet de conclure avec certitude que l’internet russe est désormais en état de guerre», estime le rapport. L’année dernière, les défenseurs des droits de l’Homme en Russie ont dénombré 97 propositions d’hommes politiques et de hauts fonctionnaires visant à renforcer le contrôle d’internet et recensé 170 plaintes civiles contre des utilisateurs du net, selon Agora. Au total, le nombre des atteintes à la liberté d’internet en Russie, parmi lesquelles «menaces de violences», «poursuites criminelles», «pressions administratives», «fermeture de sites» ou cyberattaques, a été multiplié presque par huit en 2016, s’établissant à 116.103 cas par rapport à 15.021 en 2015, précise le rapport.