S. PIERRE-BROSSOLETTE (CSA): «Les règles du pluralisme politique hors période électorale deviennent à la fois plus simple et plus modernes»

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A compter du 1er janvier 2018, les chaînes de télévision et de radio vont devoir appliquer de nouvelles règles de décompte du temps de parole politique hors période électorale. Détails avec Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE, Membre du CSA.

 

média+ : Les règles du pluralisme politique hors période électorale évoluent. Le CSA a-t-il été poussé par les diffuseurs TV et radio à modifier les mesures en place ?

 

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE : Pour moderniser un système qui datait de 2009, le CSA a pris l’initiative de proposer une évolution des règles. Celles-ci n’étaient plus adaptées au nouveau paysage politique. Déjà sous le quinquennat précédent, des distorsions étaient apparues dans l’application des règles du pluralisme. Des partis supposés être de la majorité bénéficiaient de son temps de parole même quand ils votaient comme l’opposition. Aujourd’hui il n’y a plus une opposition mais des oppositions de natures très différentes. Pour toutes ces raisons, nous avons proposé que l’on passe, pour décompter le temps de parole, du système majorité / opposition à un dispositif qui repose sur l’équité. Nous avons consulté la plupart des forces politiques ainsi que les médias. Ils ont tous approuvé les orientations proposées. Chaque parti disposera désormais d’une juste représentation en fonction des critères définis par le conseil constitutionnel. C’est à la fois plus juste, plus logique, plus simple et plus adapté à la donne politique actuelle.

 

C’est un exercice auquel les médias sont habitués ?

 

Ils l’ont déjà appliqué pendant la dernière période électorale. Nous leur donnons en outre de nouveaux éléments de souplesse. Le CSA tiendra compte des situations exceptionnelles dans lesquelles un parti pourrait être amené à s’exprimer beaucoup plus ou beaucoup moins. Et nous allons regrouper les temps de parole des JT, magazines et autres émissions en un seul décompte que nous examinerons tous les trois mois. Nous tiendrons aussi compte du rythme de programmation des émissions pour apprécier l’équité.

 

Pourquoi le CSA s’affranchit-il des notions de majorité et d’opposition ?

 

Pour mieux s’adapter à la réalité des groupes politiques. Nous n’en sommes plus au temps où il y avait une majorité et une opposition. Depuis quelques années, le paysage politique se morcelle et on constate des évolutions en cours de mandat. Il était plus juste de donner à chaque formation politique sa part de temps de parole selon sa représentativité. Nous nous adaptons aux nouvelles mœurs politiques.

 

L’ambition première a donc été de moderniser la prise en compte des interventions de personnalités politiques ?

 

Nous voulions à la fois moderniser, simplifier et réunir un consensus. Partis politiques et médias ont été largement favorables à l’idée de passer de l’ancien système à un nouveau schéma. Tout le monde est gagnant puisque les partis sont représentés de la manière la plus juste possible et les médias ont des éléments de souplesse et de simplification.

 

Lorsque des hommes ou femmes politiques deviennent chroniqueurs TV. Comment examinez-vous cette situation ?

 

Quand une personnalité se déclare clairement comme appartenant à une mouvance, à un parti, les chaînes de télévision nous déclarent d’elles-mêmes les temps de parole de ces personnalités.