Serge Kampf : décès du fondateur de Capgemini

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Serge Kampf, fondateur du groupe français de services informatiques Capgemini et grand mécène du rugby français, est décédé à Grenoble à l’âge de 81 ans, a annoncé mardi une porte-parole de l’entreprise. «Il a fondé et bâti Capgemini, aujourd’hui l’un des leaders mondiaux du conseil et des services informatiques», avec un chiffre d’affaires de près de 12 milliards d’euros en 2015, a rappelé le groupe dans un communiqué. Capgemini n’a pas précisé les raisons du décès de son fondateur, unanimement loué pour sa générosité. Cet ingénieur grenoblois, né le 13 octobre 1934, avait fondé en 1967 la société d’informatique Sogeti, qui deviendra plus tard le groupe Capgemini, au terme d’un long processus d’acquisitions – notamment celles de Cap et de Gemini Computer Systems, en 1975 – et de restructurations. Patron très secret, Serge Kampf avait quitté la présidence du groupe en avril 2012, gardant néanmoins un oeil sur les affaires et la stratégie jusqu’à sa mort, selon le groupe. Celui qui était le seul patron du CAC 40 à avoir fondé son entreprise était toujours vice-président du conseil d’administration et président d’honneur de Capgemini. «Serge Kampf était un grand entrepreneur. Fondateur de Cap Gemini, il en a fait un des fleurons de l’économie française et une entreprise de taille mondiale. Il avait su, avant les autres, anticiper les révolutions industrielles de la fin du XXe siècle», a réagi le président François Hollande dans un communiqué. «Serge était un homme exceptionnel, un bâtisseur comme il en existe si peu. Il comprend dès l’origine de notre métier que ce sont les hommes qui donnent de la valeur à la technologie», a déclaré son successeur à la tête de Capgemini, Paul Hermelin, cité dans le communiqué. M. Hermelin a aussi souligné «son formidable esprit d’entreprise, sa capacité à réunir des équipes passionnées et dévouées au groupe qu’il avait créé d’une façon très forte et son exigence absolue de performance». «Il a créé une charpente solide autour de valeurs qui constituent le socle de l’entreprise», a-t-il ajouté. «Tous ceux qui l’ont côtoyé disent qu’il avait une force de conviction peu commune et une étonnante capacité à fédérer les hommes autour de ses projets», a noté Capgemini dans son communiqué.

Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a salué dans un tweet un «grand capitaine d’industrie et un entrepreneur exceptionnel». Passionné de rugby – Capgemini dit d’ailleurs qu’il s’était inspiré des valeurs de ce sport pour construire celles du groupe -, M. Kampf avait aussi soutenu, notamment, les clubs de Biarritz et Grenoble ainsi que la sélection internationale des Barbarians. Il a même sorti 500.000 euros de sa poche en 2011 pour sauver le club de Bourgoin (Isère). A l’occasion de ses 80 ans, il avait convié en 2014 la grande famille du rugby français pour faire la fête au Brésil. «C’était le fondateur de Sogeti en 1967, devenu Capgemini, et qui était le partenaire principal du FCG. Il était aussi un actionnaire important du club et nous a aidés régulièrement à nous développer. C’était quelqu’un de très généreux mais également de très discret. (…)», a réagi le président du club de rugby de Grenoble, Marc Chérèque. «(…) Notre ville vient de perdre l’une de ses plus marquantes personnalités», a réagi le député de l’Isère et ex-maire de Grenoble (PS) Michel Destot. «La vie de Serge Kampf (…) se confond avec ce que Grenoble aura produit au cours de son histoire de plus fécond, de plus innovateur et de plus généreux», a-t-il ajouté dans un communiqué. De façon plus prosaïque, Serge Kampf avait été au centre d’une polémique en 2011, lorsque le magazine helvétique «Bilan» l’avait inclus par erreur dans une liste des personnalités françaises fortunées nouvellement établies en Suisse.