Une série saoudienne «Al-Assouf» fait polémique 

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Une série télévisée qui glorifie une époque vue comme le passé «moderne» de l’Arabie saoudite, avant 1979, cristallise les différences entre opposants et partisans des mesures de libéralisation impulsées par le prince héritier dans ce royaume ultraconservateur. Diffusé pendant le mois de ramadan, la série «Al-Assouf» dresse le portrait d’une autre Arabie saoudite: une société traditionnelle tolérante, où hommes et femmes se mélangent sans entraves, avec des femmes apparaissant non voilées dans des soirées dansantes. Cette image est considérée par les conservateurs comme une déformation de la réalité historique mais elle fait écho à la position du prince héritier Mohammed ben Salmane, selon lequel le royaume fut un berceau de l’islam modéré jusqu’en 1979, tournant qui marqua la montée du fondamentalisme religieux en Arabie saoudite. D’après le prince Mohammed, cette année 1979 -ponctuée notamment par la Révolution islamique en Iran– a laissé libre cours aux conservateurs qui ont imposé une vision rigoriste de l’islam, fermé les cinémas et restreint les libertés. Al-Assouf n’a pas tardé à provoquer la colère de la frange conservatrice. «Dépeindre une communauté qui autorise le mélange des genres, l’adultère et les enfants hors mariage (…) est une catastrophe», a déploré sur YouTube Abdelbasset Qari, un éminent religieux, accusant le programme de «répandre l’immoralité». Une scène dans laquelle un garçon se penche au-dessus d’un mur pour s’adresser à une fille a été particulièrement critiquée sur les réseaux sociaux. «Des enfants qui flirtent! La laide déformation de l’enfance en Arabie saoudite», s’est emporté sur Twitter Abdel Rahmane al-Nassar, un religieux koweïtien célèbre dans le royaume.