Sky, un acteur incontournable du sport et de la fiction en Europe

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Après deux ans de bataille boursière, réglementaire et politique, le feuilleton Sky touche à sa fin avec la victoire de Comcast. Explications sur l’acharnement américain à conquérir cet acteur incontournable du sport et de la fiction en Europe. «Actif unique» pour le patron de Comcast Brian Roberts, «joyau de la couronne» parmi les actifs de Fox selon le PDG de Disney Bob Iger, le britannique Sky est devenu il est vrai en près de 30 ans d’histoire un puissant groupe de médias européen, cible idéal pour les géants américains en quête de diversification face aux plateformes Netflix et Amazon.

Rupert Murdoch n’imaginait peut être pas le succès à venir de Sky lors de l’inauguration presque en catimini du siège de ce bouquet de chaînes de télévision en 1989 dans la banlieue ouest de Londres. Les premières années sont difficiles, la société perd de l’argent mais décolle avec l’acquisition des droits pour diffuser le championnat de football anglais.En 1994, l’homme d’affaires cède le contrôle de la société qui s’appelait encore BSkyB à l’occasion d’une introduction en Bourse, mais est loin d’abandonner tout projet sur ce groupe qu’il a fondé. Sa première tentative de reconquête en 2011 échoue pourtant à cause du scandale des écoutes téléphoniques au sein du News of the World, tabloïd de la galaxie Murdoch qui a ensuite été fermé. Fin 2016, il tente à nouveau sa chance via 21st Century Fox, société regroupant ses activités audiovisuelles. Le magnat américano-australien, qui a placé à la tête du conseil d’administration de Sky son fils James, met 15 milliards de dollars sur la table pour racheter les parts de Sky qu’il ne détenait pas encore, soit 61% du capital. Mais ce projet finira par être contrecarré par Comcast, entré dans la bataille début 2018 et au prix d’une flambée de la valorisation du groupe à plus de 30 milliards de livres. Le succès et la renommée du groupe reposent surtout sur les droits de diffusion de la Premier League anglaise de football, une des compétitions les plus prisées en Europe, qu’il a acquis à prix d’or.Depuis l’été 2016, Sky débourse 4,2 milliards de livres sur trois ans pour cette compétition dont il retransmet au Royaume-Uni les matches les plus attractifs. Mais l’entreprise diffuse aussi du football dans d’autres pays, notamment la Bundesliga en Allemagne et le Calcio en Italie. En dehors du sport, le groupe est connu pour la diffusion de la série américaine à succès «Game of Thrones» dans les pays où il opère, ainsi que pour ses nombreuses chaînes de cinéma. Il propose en outre des services de streaming et de vidéo à la demande et s’est lancé dans la production de fictions. Il émet également la chaîne d’information Sky News, seule concurrente privée de BBC News et qui s’est retrouvée au centre des débats avec l’offre de Murdoch sur Sky. Le gouvernement britannique s’était inquiété pour la pluralité des médias alors que la famille de l’homme d’affaires possède déjà, via News Corp, deux quotidiens britanniques à grand tirage, «The Times» et «The Sun». Sky est très puissant au Royaume-Uni mais a tissé sa toile ces dernières années en intégrant dans son giron Sky Italia et Sky Deutschland. Il a même conclu récemment un accord avec Mediaset, la société de la famille de Silvio Berlusconi. Présent dans cinq pays (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Autriche et Italie), Sky a vu son chiffre d’affaires atteindre 13,6 milliards de livres en 2017, associé à une rentabilité confortable. Le groupe compte près de 23 millions de clients qui déboursent des dizaines de livres ou d’euros par mois pour accéder à ses programmes disponibles sur de nombreuses chaînes thématiques, ainsi que pour des connexions internet voire des services téléphoniques.