Sort de Mathieu Gallet à Radio France : «Ma responsabilité, c’est l’indépendance du CSA», affirme son président, Olivier Schrameck

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Olivier Schrameck

«Ma responsabilité, c’est l’indépendance du CSA», a affirmé mardi son président, Olivier Schrameck, alors que le Conseil devra trancher la semaine prochaine le sort de Mathieu Gallet à Radio France, sous la pression du gouvernement qui l’a appelé à «tirer les conséquences» de sa condamnation pour favoritisme.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a annoncé lundi qu’il auditionnerait en début de semaine prochaine M. Gallet, condamné pour favoritisme lorsqu’il dirigeait l’Institut national de l’audiovisuel à un an de prison avec sursis et à une amende de 20.000 euros, un verdict dont l’intéressé a fait appel. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel décidera ensuite, le 31 janvier, de le maintenir ou le démettre de la présidence de Radio France.
«C’est une procédure sans précédent», a rappelé le dirigeant à des journalistes, en marge de la présentation des voeux du CSA, durant laquelle il a souligné «l’impartialité et l’indépendance» du régulateur. Concernant M. Gallet, les sept «sages» devront se prononcer «par rapport au bon fonctionnement du service audiovisuel», a expliqué le président, ajoutant qu’»on ne peut pas distinguer les personnes d’un côté et les services de l’autre». Ce qui veut dire, en substance, que le CSA devra déterminer si Mathieu Gallet a toujours la capacité à diriger pleinement Radio France. «C’est une appréciation d’ensemble», a précisé M. Schrameck. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait appelé la semaine dernière Mathieu Gallet, ainsi que le CSA, à «tirer les conséquences» de sa condamnation.
Le président du régulateur a rappelé qu’en cas de départ du dirigeant, ce serait au Conseil supérieur de l’audiovisuel de lui trouver un successeur, en vertu des règles actuelles (l’intérim étant assuré par le doyen des administrateurs du groupe public). «La réponse juridique est tout à fait claire, c’est au CSA qu’il incombe selon la procédure prévue par la loi de désigner le président de Radio France, quelles que soient les circonstances et quelle que soit la période», a-t-il souligné, ajoutant que «la loi peut changer, mais aujourd’hui elle n’a pas changé». Une allusion au projet du gouvernement, qui veut redonner aux conseils d’administration des groupes concernés le pouvoir de nommer les dirigeants de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France…).
Cette mesure devrait figurer dans le projet de réforme de l’audiovisuel public qui doit être présenté en conseil des ministres d’ici la fin de l’année, selon le calendrier annoncé début janvier par le président Emmanuel Macron. A propos de cette réforme, M. Schrameck a affirmé mardi que si «les décisions incombent naturellement aux pouvoirs publics, le Conseil supérieur de l’audiovisuel, pour autant, est prêt à prendre toute sa part à leur processus d’élaboration, sans a priori et conformément à sa vocation de régulateur». Il a également évoqué la question de l’élargissement des pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel aux plateformes numériques, à laquelle le président de la République a ouvert la voie, en indiquant que le Conseil voulait favoriser de nouvelles formes de régulation «qui permettent de privilégier l’échange par rapport à la confrontation, l’accord de préférence à l’assujettissement».