Stéphane BEDIN (FICAM): «A terme, on espère descendre à un taux de délocalisation de 20% sur les films français»

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Stéphane BEDIN, Délégué Général Adjoint en charge des Observatoires de la FICAM

Alors que le Festival de Cannes s’est terminé dimanche dernier, faisons le point sur les Baromètres de la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (FICAM). Les détails avec Stéphane BEDIN, Délégué Général Adjoint en charge des Observatoires de la FICAM.

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Sur les 5 premiers mois de l’année, le taux de délocalisation des tournages de longs métrages régresse à 26%. Une baisse importante pour le secteur ?

Stéphane BEDIN

Oui, c’est un retrait significatif de 13 points par rapport à l’an dernier. C’est aussi le plus bas niveau depuis 2011. En parallèle, le nombre de semaines de tournage à l’étranger a été divisé par deux sur la période. Cela prouve l’impact d’une relocalisation d’un certain nombre de tournages en France. Pour les années à venir, nous serons sur un niveau d’activité plus important. A terme, on espère arriver à un taux de délocalisation autour de 20%. Dans l’idéal, nous n’aimerions avoir que des délocalisations artistiques.

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Ce mouvement est-il indubitablement lié au crédit d’impôt ?

Stéphane BEDIN

Oui, tout-à-fait ! Nous pouvons également souligner l’apport supplémentaire constitué par les productions étrangères qui viennent se tourner en France grâce au crédit d’impôt international.

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Proposons-nous le même niveau d’attractivité que nos voisins européens ?

Stéphane BEDIN

Les crédits d’impôts cinéma et international proposent un rabattement fiscal de 30% sur les films tournés en France. Quand nous ramenons ce pourcentage au savoir-faire français, à la qualité de nos techniciens et à un environnement économique global, nous sommes en effet très proches de la concurrence de nos voisins.

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Au cœur de cette relocalisation des films, quel mouvement percevez-vous ?

Stéphane BEDIN

Sur les 5 premiers mois de l’année, les films à plus de 10M€ sont de retour en France. Nous en avons enregistré 10 sur le 1T 2016. Du jamais vu depuis 9 ans.

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Quid du taux de délocalisation des effets visuels pour les films ?

Stéphane BEDIN

Sur les effets visuels, le taux de délocalisation est de 36% au 1er trimestre, ce qui est comparable à l’an dernier. Mais les choses changent. Des travaux sont en train d’être menés comme la mission Jean Gaillard sur la filière des effets visuels. Elle devrait déboucher sur un certain nombre de propositions pour remettre en avant ce marché et l’amener à se développer davantage.

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La production cinéma conserve un niveau d’activité important. Est-elle boostée par les films à gros budget ?

Stéphane BEDIN

Pas seulement ! Le niveau d’activité du cinéma est tiré par le haut grâce à l’homogénéité du marché du long métrage. Après, il ne faut pas occulter le fait que les films entre 4 et 7 M€ sont toujours un peu délaissés. Nous avons un secteur à 2 pôles : l’un avec des budgets importants et l’autre avec des films inférieurs à 4M€. En revanche, les montants investis dans les longs métrages de fiction d’initiative française atteignent un niveau élevé sur le début d’année. Celui-ci est à mettre au crédit de «Valerian and the city of a thousand planets» dont l’investissement correspond à 35% de l’ensemble. Toutefois, le niveau des montants investis conserve le niveau élevé de 380 M€, hors «Valerian».