Les studios Weinstein envisagent de se vendre

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Les studios de cinéma Weinstein, dont la réputation souffre des accusations de viol et d’agressions sexuelles contre leur co-fondateur Harvey Weinstein, envisagent de se vendre face aux difficultés financières provoquées par l’affaire. La maison de production a indiqué lundi avoir reçu un apport immédiat d’argent frais de la part du fonds d’investissement Colony Capital, ce qui pourrait l’aider à lever à court terme les incertitudes sur son avenir. Les 2 parties ont en parallèle entamé des discussions sur un possible rachat de The Weinstein Company (TWC) par Colony, fonds d’investissement créé par le milliardaire américain Tom Barrack. «Nous pensons que l’investissement et le parrainage de Colony vont aider à stabiliser les opérations en cours de l’entreprise», a souligné lundi Tarek ben Ammar, un des membres du conseil d’administration de TWC. «Nous sommes heureux d’investir dans The Weinstein Company pour l’aider à aller de l’avant», a renchéri Tom Barrack, qui avait notamment organisé la cérémonie d’investiture de Donald Trump en janvier dernier. TWC a licencié Harvey Weinstein le 8 octobre, à la suite d’une série d’accusations de harcèlement sexuel qui courent sur 3 décennies révélées récemment par les médias américains. Les actrices vedettes Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie font notamment partie des accusatrices alors que les témoignages continuent d’affluer. Depuis lors, l’avenir des studios était en suspens car le scandale a emporté plusieurs grands projets de production. Apple a annulé un projet de série sur Elvis Presley et Amazon a indiqué être en train «de réviser (ses) projets avec The Weinstein Company» concernant 2 co-productions. Deux hypothèses étaient évoquées par les observateurs: la vente des studios qui continueraient à travailler avec un ou plusieurs nouveaux propriétaires, ou sa fermeture pure et simple et la vente à la pièce de son catalogue de films et de séries TV. Les oeuvres de TWC et de Miramax («Pulp Fiction», «Kill Bill», «Gangs of New York», «The Artist», …) ont accumulé 341 nominations et récolté 81 statuettes aux Oscars, entre autres récompenses prestigieuses. Les dirigeants du studio ont également discuté, selon les médias américains, de la possibilité de repousser la sortie prévue le 24 novembre du film «Current War», le dernier long-métrage programmé par la société en 2017.

M. Barrack, qui a fondé Colony en 1991, a bâti sa fortune en investissant dans l’immobilier à risque au Moyen-Orient et dans des crédits immobiliers toxiques en Allemagne. Cet amateur de «coups financiers», dont les grands-parents étaient des immigrés libanais, a essuyé des déconvenues dans les années 2000 après que ses investissements dans les casinos ont mal tourné. En France, il est connu pour avoir été propriétaire du club de football du Paris Saint-Germain de 2006 à 2011 et pour avoir été actionnaire des hôtels Accor et du géant de la distribution Carrefour. Ce n’est pas la 1ère fois que Tom Barrack s’aventure dans le cinéma: associé à un fonds qatarien, il avait déjà racheté les studios Miramax, créés par les frères Weinstein, Bob et Harvey, en 2010 à Walt Disney avant de les revendre. Il a également sauvé de la banqueroute en 2008 Neverland, l’immense domaine de Michael Jackson. L’affaire Weinstein a eu un écho mondial en libérant la parole contre les agressions sexuelles à coups de mots-dièse sur Twitter – #MoiAussi, #balancetonporc, #quellavoltache (cette fois où…). Aux Etats-Unis, le scandale menace la campagne électorale du procureur de New York Cyrus Vance. Il est reproché à ses services leur décision de ne pas poursuivre en 2015 Harvey Weinstein après une plainte de la mannequin italienne Ambra Battilina Gutierez. Certains affirment que ce refus était lié au fait que M. Vance a reçu des contributions financières de David Boies, un des avocats du producteur. Outre M. Vance, Harvey Weinstein a soutenu financièrement plusieurs élus démocrates dont Hillary Clinton.