Telecom Italia: le gouvernement italien renforce son contrôle via des pouvoirs spéciaux

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Le gouvernement italien a décidé lundi de renforcer son emprise, via des pouvoirs spéciaux («Golden power»), sur Telecom Italia dans le cadre du resserrement du contrôle de Vivendi sur l’opérateur italien. «Nous avons approuvé le «Golden power» en ce qui concerne Tim (Telecom Italia) et les contenus seront détaillés dans un communiqué» ultérieur, a brièvement déclaré le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, à l’issue d’un conseil des ministres. Le groupe italien a ensuite donné quelques détails sur la décision du gouvernement, attendue après les déclarations dans ce sens du ministre du Développement économique, Carlo Calenda. Rome a ainsi donné 90 jours à l’opérateur italien pour se conformer à certaines mesures visant essentiellement à protéger et «italianiser» le caractère stratégique de certaines de ses activités, dont celles de sa filiale réseaux, Sparkle. «La présidence du Conseil (italien) impose à Tim (Telecom Italia), Sparkle et Telsy de déléguer les fonctions relatives aux activités de ces sociétés en rapport avec la sécurité nationale à un membre du conseil d’administration qui soit citoyen italien, dûment autorisé par les organes de sécurité et retenu légitime pour une telle tâche par le gouvernement», a indiqué Telecom Italia. Ce dernier précise qu’il s’est déjà en partie conformé à ces dispositions en nommant l’Italien Giuseppe Recchi, vice-président exécutif de Telecom, à la tête de Sparkle. Cette dernière est une société du groupe Telecom Italia qui gère des réseaux considérés comme sensibles, ses câbles sous-marins transmettant des informations entre l’Europe, le pourtour méditerranéen et le continent américain. Rome demande aussi qu’une unité ad hoc dirigée par une personnalité nommée par le gouvernement soit mise en place et impliquée dans toutes les décisions concernant les activités jugées stratégiques du groupe, a indiqué celui-ci dans un communiqué. Alors que Vivendi fait l’objet de différentes procédures en Italie et que des tensions sont apparues avec le gouvernement au sujet de Tim, le président exécutif de Telecom Italia, Arnaud de Puyfontaine, également président du directoire de Vivendi, s’était dit début octobre «disponible à rencontrer des représentants du gouvernement» pour expliquer la vision du groupe. Selon l’agence de presse économique Radiocor, une rencontre entre le directeur-général de Tim, Amos Genish, et M. Calenda pourrait avoir lieu vendredi.

Le gouvernement italien a lancé fin juillet une instruction pour vérifier si les règles en matière de notification avaient été respectées lors du resserrement du contrôle de Vivendi sur Telecom Italia. Il peut décider, en cas de non-respect des règles, d’exercer des «pouvoirs spéciaux» («golden power») prévus dans les secteurs stratégiques, comme une amende, un veto, etc. Le comité d’experts chargé de l’instruction a décidé le 28 septembre de lancer une procédure contre Tim pour manquement à son obligation de notification. Mais l’opérateur italien conteste cette obligation car le réseau est toujours resté sous son contrôle, assure-t-il. Entré en 2015 au capital de Tim, Vivendi a resserré progressivement son contrôle sur le groupe italien dont il détient désormais 23,9%. Il a obtenu en mai les deux tiers des sièges du conseil d’administration. M. de Puyfontaine a été nommé en juin président exécutif et l’Israélien Amos Genish, venu de Vivendi, directeur général de Tim fin septembre.