Telecom Italia: Vivendi gagne une première manche face au fonds américain Elliott

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Le groupe français Vivendi a remporté lundi une première manche face au fonds américain Elliott avec qui il se dispute la gouvernance de Telecom Italia (Tim), la justice lui ayant donné raison concernant le renouvellement complet du conseil d’administration.Le tribunal de Milan a validé le recours déposé par Vivendi et Tim contre l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée générale de mardi du remplacement de six membres du CA, comme le demandait Elliott. Le conseil d’administration de Tim avait jugé «illégitime» et «particulièrement grave» le fait que le collège des commissaires aux comptes ait inscrit cette requête à l’ordre du jour, la jugeant non conforme aux normes en vigueur. Il avait déposé un recours, tout comme Vivendi, principal actionnaire de l’opérateur avec 23,9% du capital.La juge du tribunal de Milan leur a donné raison, en estimant que cette intégration était «contraire aux règles légales et conventionnelles». Un porte-parole du fonds américain a indiqué qu’Elliott estimait que «la décision de justice du jour était simplement de la démocratie retardée, pas de la démocratie niée», en soulignant que les actionnaires pourraient «exprimer leur volonté lors de l’assemblée générale du 4 mai», soit seulement avec quelques jours de délai. Elliott et Vivendi sont engagés dans un bras de fer depuis plusieurs semaines autour de la gouvernance de l’opérateur. Le fonds activiste américain, qui détient désormais 8,8% du capital de Tim (et une participation potentielle de 13,7%), dénonce la «mauvaise gestion du conseil contrôlé par Vivendi». Il avait demandé le remplacement lors de l’AG du 24 avril de six membres du CA liés ou considérés comme proches de Vivendi, par des personnalités italiennes connues du monde des affaires. Le collège aux commissaires aux comptes avait inscrit sa demande à l’ordre du jour. Mais dans ce bras de fer, Vivendi avait opté pour des démissions en masse afin de provoquer une autre AG le 4 mai destinée à désigner l’ensemble des administrateurs. Elliott avait qualifié le recours de «nouvelle tentative cynique de Vivendi d’éviter de rendre des comptes et de retarder le vote des actionnaires». La juge a elle souligné la «nécessité» de procéder au «renouvellement complet du CA», en raison des démissions en bloc. Elle a expliqué que l’assemblée de mardi aurait sinon un «ordre du jour «impossible» aux sens statutaires et normatifs, avec toutes les conséquences successives en terme de conflits» internes et donc sur le fonctionnement de l’entreprise. Elle a aussi rejeté le caractère «abusif» des démissions en bloc et le fait que celles-ci étaient uniquement destinées à porter préjudice au fonds américain, comme l’accusait Elliott. Le renouvellement des 15 membres du CA aura donc lieu le 4 mai. 
Vivendi a présenté une liste de 10 candidats, menée par son directeur général Amos Genish. Sur cette liste figurent trois personnes dont Elliott souhaite la révocation. En tête, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et proposé comme président de Tim alors qu’il était auparavant président exécutif. Elliott propose lui dix candidats italiens «indépendants et hautement qualifiés», dont Luigi Gubitosi, actuel administrateur d’Alitalia et ex-directeur général de la télévision publique italienne, la Rai, et Fulvio Conti, ex-directeur général d’Enel. Elliott estime qu’actuellement Tim est «géré dans l’intérêt de Vivendi, au détriment des autres actionnaires». Selon lui, la mauvaise gestion s’est traduite par une chute du titre de 35% de décembre 2015 à début mars, «des échecs stratégiques» et de nombreux «conflits d’intérêts». Vivendi accuse de son côté Elliott de vouloir «démanteler» l’opérateur et souligne qu’avec le travail réalisé, l’action Tim a surperformé ses pairs de plus de 17% depuis juin 2017.