«The Little Drummer Girl» reçoit les honneurs du London Film Festival

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C’est une histoire d’espionnage, adaptée pour la télévision, qui s’est taillée une place dans un festival habituellement réservé aux films de cinéma : «The Little Drummer Girl» a reçu les honneurs du London Film Festival. La série, réalisée par le Sud-coréen Park Chan-Wook, et adaptée du roman éponyme du maître britannique John Le Carré («La petite fille au tambour», selon le titre en français), a été présentée dimanche à Londres en avant-première mondiale, et sur grand écran. Elle est la seule production tv à être programmée parmi les 225 oeuvres diffusées au cours des 2 semaines du festival, mais témoigne de l’émergence des séries dans le monde du septième art. «Le paysage a complètement changé au cours des dix dernières années», a déclaré Alexander Skarsgard, l’acteur suédois primé aux Golden Globes qui joue un des rôles principaux dans la série. «Ce n’est plus comme avant, quand les acteurs de télévision voulaient accéder au niveau supérieur en jouant dans des longs métrages», explique-t-il. «C’est presque l’inverse. Beaucoup de réalisateurs et de scénaristes incroyables gravitent désormais dans le milieu de la télévision». Vainqueur du grand prix du jury au festival de Cannes en 2004 pour son film «Old Boy», Park Chan-Wook fait ses débuts pour la télévision en réalisant les six épisodes de la première saison. La série est une commande de la BBC, le groupe audiovisuel public britannique, et d’AMC, une chaîne à péage américaine. Les deux sociétés étaient déjà à l’origine de «The Night Manager», une autre série adaptée d’un roman de John Le Carré («Le directeur de nuit» en français). Mais l’écrivain – David John Moore Cornwell de son vrai nom – a prévenu que cette nouvelle adaptation présentait des différences de taille avec la précédente. «Ce n’est pas une création frénétique ou explosive, d’un certaine manière le contenu est beaucoup plus sérieux», a-t-il déclaré dimanche avant la 1ère projection. L’action se déroule à la fin des années 1970 et suit le parcours d’une actrice impétueuse et idéaliste, incarnée par la Britannique Florence Pugh, qui est recrutée par le personnage joué par Alexander Skarsgard pour devenir agente double. Elle rejoint une cellule anti-terroriste israélienne et infiltre une organisation palestinienne commettant des attentats en Europe.FlorencePugh a expliqué avoir été attirée par le projet pour l’opportunité «incroyable» que représentait la possibilité de travailler avec le réalisateur Park Chan-Wook.Elle estime que le succès croissant des grandes séries télévisées est lié à l’attachement du public aux personnages. «Vous passez du temps avec eux, vous vous mettez vraiment à les aimer», a-t-elle déclaré. «Ce n’est pas comme si c’était fini en une heure et demie». Lors de l’édition 2017 du festival de Cannes, la présence en compétition, pour la 1ère fois, de 2 films produits par la plateforme Netflix avait fait grand bruit. Le British Film Festival, lui, s’était déjà ouvert au petit écran, avec la présentation d’épisodes de la série britannique «Black Mirror» en 2016 ou de «Mindhunter» l’année suivante.Un choix revendiquée par Tricia Tuttle, directrice artistique du festival, qui affirme que ces séries haut de gamme, «passionnantes», permettent d’attirer les meilleurs cinéastes. «Ils travaillent (sur les séries) de manière très cinématographique : l’histoire, l’image, le style, le son sont imbriqués, avec une réelle sophistication», souligne-t-elle. «Le rendu est époustouflant sur grand écran. Et les festivals permettent d’offrir au public ce type d’expérience cinématographique collective unique». L’acteur américain Michael Shannon, présent au casting de «The Little Drummer Girl», reconnaît que les séries permettent de s’arrêter davantage sur les détails d’un scénario qu’un film de 90’. «Mais je pense que la télévision ne peut pas s’empêcher d’être plus orientée vers la consommation de masse», tempère-t-il. «Un film offre plus de possibilités pour prendre des risques».