USA: l’idée d’un réseau 5G financé par l’Etat fait l’unanimité contre elle

434

L’idée, qui circule à la Maison Blanche, d’un réseau internet mobile ultrarapide 5G financé par l’Etat fédéral américain pour des raisons de sécurité nationale, a fait lundi l’unanimité contre elle, du régulateur des télécoms aux industriels. Selon des médias américains, qui citent une note confidentielle, des responsables de la Maison Blanche en charge de la sécurité nationale poussent l’Etat à s’allier avec les industriels, voire à investir directement dans le réseau internet mobile 5G avec les deniers publics, dans le but de créer un réseau «sûr». L’objectif serait de contrer les ambitions de la Chine, qui investit énormément dans cette technologie, ce que le Conseil de sécurité nationale (NSC), qui a rédigé la note, considère comme une menace. La 5G permet un accès à l’internet mobile bien plus rapide que la 4G mais nécessite une infrastructure spécifique, notamment la construction de nouvelles antennes relais. Une source proche du dossier a confirmé que cela «faisait l’objet de discussions depuis deux ou trois semaines» au plus haut niveau, à la demande des responsables de la sécurité nationale. Toutefois, a ajouté cette source sous couvert d’anonymat, «beaucoup estiment que c’est une idée stupide». Interrogée sur ce sujet lundi, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders a confirmé des «discussions autour de la nécessité d’un réseau sûr». «Nous n’en sommes à l’heure actuelle qu’à un stade précoce de cette discussion. Il n’y a aucune décision de prise», a-t-elle ajouté. En tout état de cause, l’idée semblait faire l’unanimité contre elle lundi. Le président de la Commission fédérale des communications (FCC) Ajit Pai, nommé par le président républicain Donald Trump, s’est dit dans un communiqué «opposé à toute idée d’un réseau national 5G construit et géré par le gouvernement». Selon lui, c’est «le marché, et non le gouvernement, qui est le mieux placé pour tirer l’innovation et l’investissement» et toute tentative fédérale «pour construire un réseau 5G nationalisé serait coûteuse et contreproductive et nous détournerait des politiques nécessaires à l’avenir de la 5G aux Etats-Unis». Une autre membre de la FCC, Mignon Clyburn, démocrate quant à elle, a elle aussi rejeté cette idée. Les opérateurs télécoms se sont aussi élevés contre cette éventualité. «Rien ne saurait davantage freiner notre élan, durement gagné, pour être les leaders mondiaux dans le déploiement de la 5G, que l’arrivée du gouvernement fédéral pour construire ces réseaux», a déclaré Jonathan Spalter, à la tête de l’organisation USTelecom. Autre réaction négative, celle de l’industrie de l’internet mobile, représentée par la CTIA, selon laquelle «le gouvernement devrait poursuivre sa politique de libre concurrence qui a permis à l’industrie américaine du mobile de gagner la course à la 4G». Pour l’association TechFreedom, qui baptise le concept «TrumpNet», ce serait «la pire idée de l’histoire d’internet». Selon la note du NSC citée par des médias américains, deux scénarios principaux sont évoqués: financer sur deniers publics le réseau ou bien s’allier aux opérateurs privés pour qu’ils créent ensemble un réseau unique centralisé. La technologie 5G, qui commence à être testée, doit prendre le relais de la 4G à l’horizon 2020. Elle permet notamment d’améliorer les services de streaming vidéo sur mobile. Elle est également nécessaire au développement de technologies comme la voiture autonome. Ce débat intervient alors qu’un partenariat entre le fabricant chinois de smartphones Huawei et l’opérateur américain AT&T est vraisemblablement tombé à l’eau début janvier après que des élus américains eurent dénoncé des risques «d’espionnage». La FCC a par ailleurs décidé récemment de mettre fin au principe de «neutralité du net», pour permettre, selon le régulateur, aux opérateurs d’investir davantage dans les réseaux de télécommunications, comme la 5G. Selon une étude du cabinet Accenture, les opérateurs prévoient d’investir 275 milliards de dollars dans cette infrastructure.