La PDG de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, a engagé jeudi la renégociation du grand accord social s’appliquant à l’entreprise publique, s’attirant aussitôt les foudres des syndicats. Le précédent accord, qui régit temps de travail, métiers et rémunérations, remonte à 2013, lors de la constitution de l’entreprise unique.
Le conseil d’administration de France Télévisions a donné jeudi matin son feu vert à sa dénonciation, selon un message de la présidente aux salariés. Cela ouvre une période de deux ans de négociations.
Un «nouveau contrat social pour France Télévisions est essentiel»: il doit notamment permettre de «préserver la qualité de nos offres et de rester un média attractif pour la nouvelle génération», y souligne Delphine Ernotte Cunci, qui avait annoncé ce projet lors de sa candidature à un troisième mandat au printemps.
Un nouvel accord doit aussi «assurer la pérennité du groupe dans un contexte concurrentiel et technologique en perpétuelle transformation», selon elle. Le déploiement de l’intelligence artificielle générative et le «mouvement vers la production automatisée» sont en jeu, avait-elle soulevé il y a quelques semaines devant l’Arcom, le régulateur du secteur. Une première réunion avec les organisations syndicales doit être proposée à la rentrée et «l’ensemble des salariés (quelque 8.800, NDLR) sera très étroitement informé des travaux», promet la patronne du groupe audiovisuel. Mais pour la CGT, la CFDT, le SNJ et FO, «cela est une attaque sans précédent contre la couverture conventionnelle des salariés, avec pour objectif prioritaire de faire exploser les métiers et les pratiques professionnelles». Un «objectif, non assumé, est évidemment, selon nous, de faire de substantielles économies», relèvent les syndicats dans un communiqué commun, à l’heure des restrictions budgétaires par l’Etat. Trente avenants à l’accord de 2013 ont été signés, preuve de sa souplesse, relèvent-ils.
Les organisations syndicales soulignent aussi qu’un projet de holding commune à l’audiovisuel public est en cours d’examen au Parlement et qu’il «conviendrait de garder la tête froide» d’ici à son adoption. Soutenue par la ministre de la Culture Rachida Dati, la proposition de loi en question est au menu jeudi du Sénat en deuxième lecture. Le texte suscite une levée de boucliers à Radio France et dans une moindre mesure à France Télévisions, où court un préavis de grève illimitée. Si la holding commune voyait le jour, elle n’effacerait pas chacune des sociétés concernées et les statuts de leurs salariés, à la différence d’une fusion un temps projetée.