À la tête d’Au Tableau Productions, Caroline Delage signe une rentrée particulièrement dense avec plusieurs documentaires événementiels.
MEDIA +
Le 9 octobre, CANAL+ propose «48H pour réparer le monde». Ce documentaire met en avant l’innovation au service du handicap. En quoi ce film incarne-t-il l’ADN d’Au Tableau Productions?
Caroline DELAGE
C’est exactement ça, il incarne pleinement notre ADN. L’objectif de cet événement est un hackathon organisé par l’association Tom France, que nous avons filmé. Pendant 48 heures, des personnes en situation de handicap, confrontées à une difficulté concrète dans leur quotidien, sont intégrées à des équipes composées uniquement de profils issus de la tech: ingénieurs, codeurs, designers… Des métiers qui travaillent souvent dans une forme de bulle, parfois éloignée du réel. Et là, ils se retrouvent ensemble pour imaginer et fabriquer un prototype qui répond directement à la problématique de la personne en situation de handicap. C’est la rencontre de deux mondes qui ne se seraient sans doute jamais croisés autrement. J’aime énormément provoquer ces rencontres, observer comment chacun s’enrichit de l’échange et aide l’autre à progresser. Chacune de nos productions veut montrer que des solutions sont possibles, que chacun peut contribuer à une société plus inclusive, ouverte et tolérante. «48H pour réparer le monde» en est l’illustration parfaite.
MEDIA +
Le 6 octobre, LCP diffuse en Prime «Du côté de la vie», à l’occasion de la Journée des aidants. Comment avez-vous abordé ce sujet sensible pour toucher sans tomber dans le pathos ?
Caroline DELAGE
C’était essentiel. Et c’était surtout l’exigence de Lorène Vivier, l’héroïne du film, atteinte de la maladie de Charcot. Elle voulait un film lumineux, porteur d’espoir, pas un film triste. C’est une maladie terrible, qualifiée de «plus cruelle» par l’OMS, avec une espérance de vie de trois à cinq ans et une perte d’autonomie quotidienne. Mais Lorène a choisi d’être du côté de la vie. Elle ne s’intéresse pas à la fin de vie, elle agit : elle collecte des fonds, soutient la recherche, refuse de céder au désespoir. Avec sa sœur Marine, elles forment un duo incroyablement fort. Leur sororité est bouleversante et inspirante.
MEDIA +
De Public Sénat à LCP, puis Canal+, vos productions touchent des diffuseurs aux identités très différentes. Comment adaptez-vous vos écritures et récits ?
Caroline DELAGE
Honnêtement, je ne pense pas que nous ayons des écritures si différentes d’une chaîne à l’autre. Ce qui compte, c’est le message porté : aller vers la lumière, vers les solutions, ne pas s’arrêter au constat. Je ne suis pas dans la dénonciation, mais dans l’action et la proposition. Bien sûr, nous nous adaptons aux formats : 90’ pour Canal+, 52 ou 60’ pour les chaînes parlementaires. Mais il y a une patte commune, une signature qui traverse toutes nos productions.
MEDIA +
Qu’en est-il de l’émission «Au Tableau» ?
Caroline DELAGE
La saison 2025 est toujours en cours de diffusion sur Canal+, avec un dernier épisode en octobre. J’espère pouvoir annoncer bientôt une saison 2026, les discussions sont en cours. À l’international, l’émission poursuit son chemin. Une nouvelle saison est prévue au Liban, qui avait été l’un des premiers pays à l’adapter. Et d’autres discussions sont en cours, mais je préfère attendre que ce soit confirmé. Depuis le début, je suis accompagnée par Can’t Stop Media, qui distribue le format.
MEDIA +
Votre rentrée est particulièrement dense, avec plusieurs diffusions rapprochées. Comment gérez-vous ce rythme en tant que productrice indépendante ?
Caroline DELAGE
C’est intense, c’est sûr. Mais les temporalités de production sont décalées : pendant qu’un film est en post-production, un autre sort en diffusion, et un troisième est en tournage. Ce qui rend la période chargée, c’est l’impact. Je produis des films pour qu’ils aient un effet sur la société. J’organise des campagnes d’impact : projections, ciné-débats, sensibilisation auprès des associations ou des pouvoirs publics. Aujourd’hui, je me définis presque davantage comme productrice d’impact que comme productrice audiovisuelle. C’est chronophage et énergivore, mais c’est la raison d’être de mes productions. Pour moi, il n’y a pas de film sans campagne d’impact.
MEDIA +
Quels projets préparez-vous actuellement ?
Caroline DELAGE
Nous lançons «Seconde Chance» pour Public Sénat, un documentaire sur la réinsertion après la détention. Nous allons filmer un dispositif innovant où des recruteurs viennent rencontrer des détenus en fin de peine pour préparer leur retour dans la vie active. Nous développons aussi «L’école des 15» pour TV5Monde, qui suit un dispositif éducatif original : détecter dès le CM2 des enfants en décrochage et les accompagner de la 6e à la 3e grâce aux valeurs du rugby. Ce programme affiche 100% de réussite, et je suis très heureuse de pouvoir mettre en lumière ce modèle.
LES DIRIGEANTS
Caroline DELAGE
Fondatrice & Productrice
COORDONNEES
6 rue Duret
75116 Paris
DATE DE CREATION
2017
PRODUCTIONS
«Au Tableau», «48H pour réparer le monde», «Du côté de la vie»…