G. LEVASSEUR (Giraf Prod) : «Notre ADN : mêler investigation et actualité brûlante»

G. LEVASSEUR (Giraf Prod) : «Notre ADN : mêler investigation et actualité brûlante»

À quelques jours de la diffusion de «Au cœur des nouvelles prisons de haute sécurité» (le 12 octobre sur M6 dans «Zone Interdite»), Géraldine Levasseur, CEO de Giraf Prod, dévoile les coulisses d’un tournage hors norme.

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Comment avez-vous obtenu l’autorisation exceptionnelle de filmer à l’intérieur de ces nouvelles prisons de haute sécurité pour M6 ?

Géraldine LEVASSEUR

Nous avons suivi le ministre de la Justice depuis le vote de la loi créant ces établissements jusqu’à leur ouverture, en couvrant toutes les étapes clés : les transferts de détenus, le déménagement des détenus de la prison de Vendin le Vieil pour accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux, et les travaux menés pour renforcer la sécurité. Cette réforme a été décidée après l’évasion sanglante de Mohamed Amra, qui avait pu orchestrer son plan depuis sa cellule. L’objectif affiché était donc clair : couper totalement les liens entre ces criminels et l’extérieur. Dans ce cadre, l’administration pénitentiaire nous a accordé un accès inédit, avec une condition précise : ne pas envenimer la situation. Nous avons respecté cette règle, en interrompant par exemple nos tournages lors d’une grève de la faim ou dans les premiers jours suivant l’arrivée des narcotrafiquants, le temps que la situation se stabilise.

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La séquence sur les surveillants soumis à la corruption est particulièrement marquante…

Géraldine LEVASSEUR

Nous avons pris toutes les précautions pour protéger notre témoin. Le narcotrafic pèse 5 à 6 milliards d’euros en France. Avec un tel pouvoir financier, tout peut s’acheter, y compris des complicités en prison. Nous avons retrouvé un surveillant vulnérable – petit salaire, famille nombreuse – qui a fini par céder sous la menace directe visant ses enfants. Son témoignage montre avec force pourquoi les nouveaux agents de ces prisons sont désormais formés à résister à la corruption.

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Quels défis logistiques avez-vous rencontrés lors de ce tournage ?

Géraldine LEVASSEUR

Nous avons tourné pendant sept mois. C’est un documentaire exceptionnel car il couvre toutes les coulisses : les transferts, la formation du personnel, les travaux, la sécurisation des établissements. Nous avons aussi eu accès à deux figures majeures du narcobanditisme. Des profils très différents des détenus ordinaires : des hommes intelligents, cérébraux, qui dénoncent notamment la rupture totale de leurs liens familiaux.

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Comment rendre un sujet aussi complexe accessible au grand public de «Zone Interdite» sans le simplifier à l’excès ?

Géraldine LEVASSEUR

En vulgarisant, mais sans dénaturer. Nous expliquons ce qu’est la criminalité organisée, ses mécanismes, les enjeux. Nous donnons la parole aux directeurs des deux prisons – deux personnalités fortes qui incarnent le récit – et nous guidons le public étape par étape : les travaux dans les établissements, l’arrivée des narcotrafiquants, les transferts sous haute sécurité. Nous avions déjà produit un documentaire en détention il y a trois ans qui avait très bien marché. Nous avons retenu la leçon : ne pas simplifier à l’extrême, mais prendre le téléspectateur par la main, lui expliquer clairement ce qui se passe et pourquoi.

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Ce documentaire illustre parfaitement le savoir-faire de Giraf Prod…

Géraldine LEVASSEUR

Absolument. C’est notre ADN : mêler investigation et actualité brûlante. Les transferts étaient classés secret défense. Nous avons dû fonctionner comme une agence de presse, avec des équipes sur le qui-vive, prêtes à se déplacer à 4h du matin. En parallèle, nous avons aussi cherché à montrer les victimes collatérales. Rien qu’à Marseille, on compte 400 morts liés au narcotrafic en quatre ans, dont 80 victimes innocentes. Il était essentiel d’intégrer cette dimension.

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Le «true crime» explose sur les plateformes. Comment Giraf Prod se différencie-t-elle ?

Géraldine LEVASSEUR

En privilégiant le fond, pas seulement la forme. Nous obtenons des accès exceptionnels, comme ici. Nous étions les seuls à suivre ce processus sur six mois et à obtenir certaines interviews exclusives. Et puis nous travaillons beaucoup sur le storytelling, en apportant de l’humain et de la pédagogie, en inscrivant nos documentaires dans des thématiques de société qui concernent tout le monde. Car la criminalité organisée ne touche pas seulement les voyous. Ses ramifications peuvent approcher n’importe qui, corrompre un proche, créer une tentation.

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Quels sont vos prochains grands projets chez Giraf Prod?

Géraldine LEVASSEUR

Nous préparons un documentaire très fort sur le blanchiment d’argent du narcotrafic, toujours pour M6, dans «Enquête exclusive». Florence de Soultrait a obtenu des témoignages exceptionnels : un collecteur, un ravitailleur de point de deal, qui décrivent en détail tout le circuit de l’argent, de la rue jusqu’à gangrener l’économie réelle. C’est la suite logique du documentaire sur les prisons. Parallèlement, nous venons de terminer un très beau film sur les personnes trisomiques, suivies à tous les âges de la vie. Un documentaire sensible et lumineux, diffusé également dans «Zone Interdite». Enfin, nous sommes sur le point de signer une série «true crime» avec une plateforme. Ce n’est pas encore officiel, mais c’est un projet ambitieux qui s’inscrit parfaitement dans notre stratégie.

LES DIRIGEANTS

G. LEVASSEUR
Fondatrice et
Productrice 

COORDONNEES
35 Boulevard Berthier 75017 Paris

DATE DE CREATION
2011

PRODUCTIONS
«French Connection» (C+) ; «Au cœur des nouvelles prisons de haute sécurité» (M6)…

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