Afghanistan: Facebook, Instagram et Snapchat «intentionnellement» restreints

Afghanistan: Facebook, Instagram et Snapchat «intentionnellement» restreints
(FILES) In this file photo taken on March 21, 2018 Social Network applications including Facebook, Instagram, Slack, Snapchat, Twitter, Skype, Viber , Teamsnap and Messenger, are on display on a smartphone in Washington DC. Facebook said April 4, 2018 it is updating its terms on privacy and data sharing to give users a clearer picture of how the social network handles personal information.The move by Facebook follows a firestorm over the hijacking of personal information on tens of millions of users by a political consulting firm which sparked a raft of investigations worldwide. / AFP PHOTO / Eric BARADAT FILES-US-INTERNET-FACEBOOK-PRIVACY

Après une coupure nationale d’internet la semaine passée, Facebook, Instagram et Snapchat ont été «intentionnellement restreints» en Afghanistan, a indiqué mercredi l’organisation de surveillance de la cybersécurité NetBlocks. Depuis mardi, ces réseaux sociaux ainsi que TikTok, – déjà banni en 2022 au motif «de pousser la jeune génération à s’égarer»-, sont inaccessibles par intermittence sur smartphone et plusieurs connexions wifi. «Des restrictions sont désormais confirmées chez plusieurs opérateurs, ce qui indique une manoeuvre intentionnelle», a précisé NetBlocks. Dans le pays de 48 millions d’habitants, Facebook compte 4 millions d’utilisateurs et Instagram 1,3 million. Ces restrictions «affectent principalement les services mobiles, mais certaines connexions internet fixes sont aussi touchées», a poursuivi NetBlocks. Contactées, les autorités talibanes n’ont pas souhaité commenter. Début septembre, les autorités avaient commencé à couper les connexions internet haut débit dans plusieurs provinces afin de prévenir le «vice» et la «corruption morale», sur ordre du chef suprême des talibans Hibatullah Akhundzada. Ces nouvelles restrictions privent les Afghans d’une source d’information et de divertissement, ont-ils regretté mercredi. «Je suis très triste, Instagram est mon principal moyen de rester en contact avec mes amis partis à l’étranger», raconte Ghezal, une artiste de 24 ans qui partage aussi ses oeuvres sur une page Instagram dédiée. Sara, 21 ans, s’inquiète de son côté de l’impact de ce blocage pour les Afghanes, déjà visées depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021 par de nombreuses restrictions imposées au nom d’une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne peuvent plus exercer de nombreux métiers ou voyager sans chaperon et sont interdites d’aller à l’école au-delà du primaire, de se promener dans les parcs ou de fréquenter une salle de sport. «Ici, les femmes sont déjà privées de tout, on ne peut plus étudier ou accéder à des bibliothèques il n’y a plus rien à faire que de traîner sur les réseaux sociaux», raconte-t-elle, alors que la plupart des Afghanes vivent désormais confinées. «L’impact va être terrible pour les commerces en ligne, mais aussi psychologiquement», se désole-t-elle. Une semaine avant ce blocage, les autorités avait déjà ordonné une coupure nationale d’internet et du téléphone qui avait paralysé l’Afghanistan durant deux jours. Dans le pays, déjà l’un des plus pauvres au monde, les avions étaient alors restés cloués au sol et les systèmes bancaires avaient cessé de fonctionner, laissant les Afghans sans moyen de se contacter. Les Nations Unies avaient appelé le gouvernement taliban à rétablir l’accès à internet et aux télécommunications, revenu au bout de deux jours. Ces restrictions, tombées depuis plusieurs mois, rompent avec le discours tenu jusqu’à 2024 par les autorités talibanes. Cette année-là, Kaboul vantait encore les mérites de son réseau de fibre optique de 9.350 kilomètres, en grande partie construit par les anciens gouvernements soutenus par les Etats-Unis, comme une «priorité» pour rapprocher le pays du reste du monde et le sortir de la pauvreté. Lundi, les pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont adopté une résolution établissant la création d’un mécanisme d’enquête sur les crimes les plus graves commis en Afghanistan. Le texte de la résolution exprime une «profonde préoccupation face au non-respect du principe de responsabilité et à l’impunité profondément enracinée dont jouissent les responsables des violations des droits de l’homme», jugeant ainsi «impératif et urgent d’établir les responsabilités».

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