Succès d’«Intouchables» et des jeux Paralympiques : un tournant pour le regard sur le handicap ?

Un an après la sortie d’«Intouchables», au succès sans précédent, et 2 mois après les jeux Paralympiques, qui ont suscité un intérêt inédit pour le handisport, le regard sur le handicap semble connaître un tournant. Mais à ne surtout pas surestimer, disent les associations. «Intouchables» qui met en scène François Cluzet en tétraplégique et Omar Sy en improbable auxiliaire de vie, a «joué dans la prise de conscience» d’une partie de la société, estime Pierre Blanc, DG du Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph). Pour plus d’un tiers (34%) des salariés d’entreprises de plus de 20 employés, cette comédie a contribué à changer positivement leur regard sur le handicap, selon un sondage Ifop pour l’Agefiph publié jeudi à quelques jours de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées, qui démarre lundi. Pour Frédéric Dabi, de l’Ifop, le film a créé «une proximité admirative» chez les spectateurs. «Depuis «Intouchables», je remarque en tant que citoyen que le regard est bien plus prévenant, gentil, attentif», témoigne Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (APF), lui-même en fauteuil roulant. «Dans un train, (quand) une personne me proposait de l’aide pour descendre, aujourd’hui il y en a 3», poursuit-il. Et «peut-être que le succès du film explique que des programmes sur les personnes handicapées soient diffusés en Prime, ajoute Arnaud de Broca, de la Fnath, fédération de personnes handicapées. Sur France 2, les séries «Caïn» (un policier en fauteuil roulant) et «Vestiaires» (dans le monde du handisport) ont connu un certain succès. Les Paralympiques de Londres semblent aussi avoir joué, même si le manque de retransmissions, déploré par les associations, en a limité l’impact en France. Même si tous ces signes encourageants montrent «que l’opinion publique est prête à bouger (…), les décideurs politiques de l’entendent pas», relève aussi M. Barbier. Les associations déplorent régulièrement le quotidien difficile des handicapés, notamment le manque d’accessibilité des bâtiments ou des transports ou une Allocation adulte handicapé de 780 euros mensuels, loin du seuil de pauvreté (964 euros).