Festival international de Clermont : le court métrage séduit de plus en plus

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Longtemps considéré comme l’enfance de l’art cinématographique, le court métrage séduit de plus en plus réalisateurs et spectateurs, attirés par la diversité foisonnante et la vitalité insolente du genre dont le plus important festival au monde s’achève samedi en Auvergne. «Jamais le court métrage n’a été aussi créatif», a assuré la présidente du Centre national du cinéma (CNC), Frédérique Bredin, lors d’une conférence mercredi à Clermont-Ferrand. Sur les six dernières années, le nombre d’oeuvres diffusées en salles a augmenté de 137%, avec 2.376 films en 2014 dont plus de la moitié d’inédits qui connaissent une croissance encore plus forte (+253%), selon une étude du CNC dévoilée à l’occasion. A Clermont-Ferrand, les spectateurs se sont pressés dans les salles obscures alors que le genre est abonné aux cases tardives, voire nocturnes des chaînes de télévision françaises. Avec déjà plus de 160.000 entrées l’an passé, le festival devrait battre un nouveau record de fréquentation avec, à mi-parcours, «des ventes d’abonnements (carnets de tickets) en hausse de 2%» et des demandes d’accréditations et des séances pour le jeune public «également en légère hausse cette année», selon les organisateurs. «C’est l’excellence du cinéma. Car en un minimum de temps, il faut être concis, efficace et inventif et surtout éviter le remplissage», estime Eric Wojcik, l’un des délégués généraux du festival.

«Un format fabuleux pour explorer»: «Les films courts sont également destinés à un public. Mais ils ne sont pas conçus avec les enjeux d’une exploitation commerciale en salles et tout ce que cela implique. Cette différence de nature dans leur diffusion ouvre des possibilités en terme d’expérimentation, d’audace, de dispositifs. Le court est un format fabuleux pour explorer des imaginaires», abonde un autre membre de l’organisation, Laurent Crouzeix. Les réalisateurs confirmés l’ont bien compris. Après «Interstellar», Christopher Nolan a réalisé récemment «Quay», dédié aux frères du même nom qui ont marqué de leur empreinte le cinéma d’animation et expérimental. D’autres cinéastes comme Wim Wenders («Forces de l’ordre», «Silver City Revisited») ou Agnès Varda ( «Réponses de femmes», «Plaisir d’amour en Iran») sont très régulièrement revenus au petit format. «Je n’ai pas utilisé le court métrage comme un tremplin. J’aime le format court», affirme cette dernière, auteure de 17 courts tout au long de sa carrière. La semaine dernière, la réalisatrice de 87 ans est venue à Clermont-Ferrand inaugurer un amphithéâtre à son nom à l’université Blaise-Pascal, lieu de naissance du festival. «A un écrivain, vous ne pouvez pas lui dire d’écrire à chaque fois des livres de 200 pages. Il a aussi envie parfois d’écrire des nouvelles. Chacun doit trouver la durée qui correspond à son projet», a-t-elle souligné. «Il y a des sujets qui ne méritent que 5 minutes, 15 minutes», renchérit Danny Lennon, fondateur du diffuseur et programmateur «Prends ça court» au Québec.

Selon lui, toute une génération de réalisateurs comme les Québécois Denis Villeneuve et Jean-Marc Vallée retournent vers le court «car ils aiment tourner à tout prix et ne pas attendre entre deux longs», dit-il. En Espagne, comme tant d’autres pays où la crise économique a réduit les financements, les cinéastes se tournent aussi vers ce format moins onéreux, où ils retrouvent une certaine liberté.