Oscars québécois: Claude Jutra au centre d’une controverse post-mortem

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Le défunt cinéaste québécois Claude Jutra, à l’origine du «plus grand film canadien de tous les temps», se trouvait mercredi au centre d’une controverse post-mortem pour des allégations de pédophilie ayant poussé les autorités québécoises à demander le retrait de prix portant son nom. Chaque année depuis 1999, le milieu du cinéma québécois récompense le meilleur de la production cinématographique de la province francophone canadienne en décernant les prix Jutra, équivalent local des Oscars américains ou des Césars français. Ces prix ont été baptisées en l’honneur de Claude Jutra, réalisateur de «Mon oncle Antoine» (1971), fable nordique jouée dans un village du Québec rural, considéré comme le «plus grand film canadien de tous les temps» par la critique du Festival des films de Toronto, le plus important au pays. Dans une 1ère biographie parue cette semaine sur ce phare du cinéma québécois, décédé en 1986, l’historien Yves Lever, sur la base de témoignages confidentiels, a prêté à Claude Jutra des relations sexuelles avec des adolescents, ce qui a lancé une vive polémique sur le cinéaste mais surtout sur les prix nommés en son honneur. Le quotidien «La Presse+» en a rajouté en publiant mercredi le témoignage d’une victime, présumée car n’ayant jamais porté plainte, qui dit avoir subi des attouchements sexuels dès l’âge de 6 ans et sur plusieurs années de la part du cinéaste. Réagissant aux informations de «La Presse+», la ministre québécoise de la Culture, Hélène David, a demandé à Cinéma Québec, l’académie organisant la «Soirée des Jutra», de «retirer» le nom du cinéaste des prix.