Alain CARRAZE, Directeur de 8 Art Global
Quatorze ans après la fin de la série originale (1993-2002), «X-Files» est de retour dès ce soir sur M6 pour six nouveaux épisodes. Pour connaître l’impact de la série et mettre en perspective le phénomène des «remakes» propre à ce genre télévisuel, média+ s’est entretenu avec Alain CARRAZE, Directeur de 8 Art Global.
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«X-Files» est de retour sur M6. Que vaut le programme ? Quel accueil a-t-il reçu aux Etats-Unis ?
Alain CARRAZE
La diffusion américaine de «X-Files» a démarré le dimanche 24 janvier et a rassemblé plus de 16 millions de téléspectateurs sur FOX. Le retour de la série a bien fonctionné tout au long des six épisodes. La réception a été d’autant plus importante que les deux héros historiques, David Duchovny et Gillian Anderson, reprennent leurs rôles d’agents du FBI, Fox Mulder et Dana Scully. Le producteur et créateur de la série d’origine, Chris Carter, est aux commandes et assure les fonctions de producteur et de scénariste. En termes de rythme, d’écriture et de style, la promesse est la même qu’il y a quatorze ans. La seule chose qui ait changé, ce sont les contenus adaptés à notre époque. C’est une version ni modifiée, ni détournée. Vous retrouvez «X-Files» comme si la série ne s’était jamais interrompue.
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La tendance liée aux «remakes» de séries TV est-elle toujours en vogue ?
Alain CARRAZE
Absolument ! Il y a toujours une volonté de lancer des «remakes», des adaptations ou des relances de séries. Le but ultime pour les chaînes est de créer un programme évènementiel qui réussira à surnager parmi plusieurs centaines de fictions. Il y a une surabondance de séries. Des analystes parlent même d’une «future explosion» de la fiction TV parce que les gens n’ont plus le temps de tout voir. Chaque fournisseur de contenus doit faire en sorte que ses productions soient repérées. Les séries doivent donc créer l’événement avant même d’exister. Le titre d’une production doit être le vecteur d’un intérêt immédiat du public. C’est là que rentre en compte l’adaptation de comics, de films ou de licences très connues. C’est le cas des nouvelles versions de «Star Trek» ou de «Twin Peaks». La possibilité est également de pouvoir lancer des «remakes» de séries populaires. Netflix le fait actuellement avec «Gilmore Girls» et «La Fête à la Maison». Enfin, relancer une série sur la base de 3, 4 ou 5 saisons n’est pas utile. Quelques épisodes suffisent pour réaliser un coup, et créer l’intérêt du public.
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L’adaptation d’anciennes séries est un phénomène qui n’est donc pas terminé?
Alain CARRAZE
Non, ce n’est pas prêt de se terminer. Pour minimiser le risque, un diffuseur américain va privilégier le lancement d’une série avec un titre connu qui évoquera des souvenirs, plutôt que de lancer une fiction avec exactement la même histoire mais sous une appellation différente. Le marketing ne peut pas tout faire. Les studios ont des licences en friche sur lesquelles il est possible de faire du merchandising, des ventes de Blu-Ray ou de la VOD. La nouveau «X-Files» a permis à FOX de remasteriser l’ancienne série, de la remettre sur le marché et de la revendre au monde entier. Derrière ce phénomène des adaptations, il y a chaque année plus de la moitié de créations originales. Une des séries les plus remarquées à la rentrée, c’est «Blindspot». Son histoire est basée sur une jeune femme amnésique retrouvée en plein milieu de Times Square à New York, recouverte de tatouages mystérieux. Un agent du FBI, chargé de l’enquête, suit les indices dispersés sur son corps, qui révèlent une conspiration de grande ampleur.
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La France fait assez peu de «remakes» de séries. Est-ce culturel ?
Alain CARRAZE
Non, ce n’est pas culturel. On a très peu de séries françaises en catalogue qui peuvent se permettre de faire des adaptations. Et devant la difficulté de la tâche, beaucoup de producteurs renoncent. Néanmoins, de très jolies marques existent. Studiocanal détient par exemple les droits de «Chapeau melon et bottes de cuir»…