Meta a été accusé ce mardi 9 septembre par des employés anciens et actuels, témoignant devant le Sénat des Etats-Unis, d’avoir systématiquement étouffé des études sur les failles de sécurité ayant permis à de jeunes enfants d’accéder à ses plateformes de réalité virtuelle.
Le géant des réseaux sociaux a déployé, face au spectre d’une enquête parlementaire en 2021, des équipes de juristes pour surveiller, modifier et parfois mettre un veto à des études sensibles sur la sécurité, ont affirmé mardi six chercheurs devant les élus, dont les accusations avaient été dévoilées par le Washington Post.
Selon ces lanceurs d’alerte, l’objectif de l’équipe juridique était de créer les conditions pour que l’entreprise puisse nier avoir connaissance des conséquences néfastes des produits de réalité virtuelle (VR) sur les jeunes utilisateurs.
Meta, qui détient Facebook et Instagram, perd encore beaucoup d’argent dans le domaine de la réalité virtuelle, dont il est toutefois un acteur majeur, principalement grâce à sa gamme de casques Quest.
«Meta sait que sa plateforme VR est pleine d’enfants sous la limite d’âge» de 13 ans et «ferme délibérément les yeux, bien que ce soit évident pour n’importe quel utilisateur», a déclaré Cayce Savage, ancien chercheur chez Meta, lors de son audition. Selon le Washington Post, des documents internes montrent que Meta a imposé des règles sur toute étude portant sur des sujets «sensibles» – comme les enfants, le genre, la race et le harcèlement – à la suite de révélations par Frances Haugen, une ancienne responsable produit du groupe, concernant le contrôle défaillant des contenus.
Ces règles recommandaient aux chercheurs de «faire attention» à leurs formulations et d’éviter d’employer des termes comme «illégal» ou d’affirmer que quelque chose «enfreint» une norme spécifique.
En dépit de cela, des employés ont signalé à maintes reprises que des enfants de moins de 13 ans contournaient cette limite d’âge pour accéder aux plateformes VR. Dès 2017, un employé estimait que 80 à 90% des utilisateurs avaient moins de 13 ans dans certains espaces virtuels: «C’est le genre de chose qui finit par faire les gros titres, d’une très mauvaise manière», avertissait-il.
Meta a fermement rejeté ces accusations, qualifiées de «positions préconçues et fausses», basées sur une «sélection biaisée d’exemples», a défendu sa porte-parole Dani Lever, auprès du quotidien américain, mettant en avant les différentes mesures de protection des enfants mises en place par le groupe.
Interrogé par les sénateurs, le chercheur Jason Sattizahn a estimé qu’il était «très clair que Meta (était) incapable de changer sans y être forcé par le Congrès».
Selon lui, le groupe est motivé par les bénéfices à n’importe quel prix ou par son intérêt à maximiser le nombre d’utilisateurs et leur temps de présence sur internet.