E. CONTANT (Ah ! Production) : « L’IA donnera aux documentaires la puissance visuelle de la fiction»

E. CONTANT (Ah ! Production) : « L’IA donnera aux documentaires la puissance visuelle de la fiction»

Ah! Production assume l’IA comme un outil narratif à part entière. Enora Contant dévoile comment cette révolution redéfinit le documentaire, entre innovation, éthique et fresques spectaculaires.

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Quelle est la singularité des documentaires signés Ah! Production ?

Enora CONTANT

Ce qui caractérise Ah! Production, c’est de ne rien s’interdire. Nous produisons pour toutes les chaînes et dans tous les genres. La ligne éditoriale, c’est celle de nos diffuseurs. Notre ambition : parler à tous les publics, avec des récits accessibles et spectaculaires. Mon parcours à l’INA m’a donné une sensibilité particulière pour l’histoire, que nous développons fortement aujourd’hui.

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Vous avez choisi d’intégrer pleinement l’IA dans vos documentaires. Pourquoi ?

Enora CONTANT

L’IA n’est pas une mode, mais une révolution. Dès son arrivée, nous avons décidé de l’assumer à 100%. Notre pari: une série pour Planète+ où toutes les reconstitutions sont générées en IA. Cela a ouvert des perspectives inédites, notamment dans l’histoire : représenter des fresques impossibles à filmer jusque-là. L’IA est pour nous un outil narratif au service de la création.

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Qu’apporte l’IA concrètement au processus de création?

Enora CONTANT

Un changement complet de méthode. On n’écrit pas un film en IA comme on écrit un film en 3D. L’IA intervient dès l’écriture et jusqu’à la post-production. Elle permet de rendre réalisables des projets qui étaient autrefois jugés «infaisables». C’est un véritable tremplin créatif.

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Comment garantissez-vous la transparence vis-à-vis du spectateur ?

Enora CONTANT

D’abord, nous ne générons pas de voix : nous tenons à continuer à travailler avec des comédiens et des compositeurs. Ensuite, nous parlons d’«évocations» et non de reconstitutions. Nous contrôlons scrupuleusement les inputs : uniquement des images que nous avons créées ou issues du domaine public. Pas question d’inventer des archives. Enfin, selon les diffuseurs, nous intégrons disclaimers et pictogrammes. L’éthique reste centrale.

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L’IA réduit-elle les coûts et délais de production ?

Enora CONTANT

Pas toujours. L’IA exige une préparation documentaire lourde: documentalistes, recherchistes, corpus iconographique… C’est une étape que nous avions sous-estimée au départ. En revanche, elle permet de diviser par deux le coût d’une minute animée (1.500€ contre 3.000€ pour de la 3D classique). Mais les délais restent plus longs.

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Dans un marché saturé, comment l’IA vous distingue-t-elle ?

Enora CONTANT

Tout le monde peut générer des images, mais très peu savent construire des séquences cohérentes sur 90 minutes. La difficulté est là : dépasser le clip ou le trailer pour créer un récit documentaire complet. À ce jour, je n’ai pas vu de concurrents capables de livrer de véritables documentaires en IA de cette ampleur.

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Comment vos équipes vivent-elles cette révolution ?

Enora CONTANT

Il y a eu des craintes, mais aussi beaucoup d’enthousiasme. Les réalisateurs passionnés de science et d’histoire, souvent geeks dans l’âme, y voient un terrain de jeu fabuleux. Je compare cela à Méliès : nous sommes au début d’une nouvelle ère des effets spéciaux. L’énergie est incroyable, chaque jour est un défi technique, et l’équipe est galvanisée.

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Quelle place occupera l’IA dans la production documentaire dans 5 à 10 ans ?

Enora CONTANT

L’IA est là pour durer. Elle va donner aux documentaires la puissance visuelle de la fiction. Mais il y aura toujours des films plus intimes, tournés caméra à l’épaule. Demain, les grandes fresques spectaculaires coexisteront avec ces écritures sensibles. Je suis convaincue que nous vivons une révolution comparable à celle des pionniers du cinéma.

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Quels projets avez-vous actuellement en production ?

Enora CONTANT

Nous produisons actuellement plusieurs documentaires d’envergure, dont «Le Masque de fer : l’énigme du Roi Soleil» (Planète+), «Rome et les chasseurs de fauves, l’épopée oubliée» (Novo19/Toute l’Histoire), ainsi que la collection «Cités médiévales, les bâtisseurs de l’Empire» et «L’Obélisque de la Concorde, l’impossible voyage» (Novo19).

LES DIRIGEANTS
A. HENRIQUET
PDG 

COORDONNEES
78 avenue Marceau 75008 Paris

DATE DE CREATION
Septembre 2009

PRODUCTIONS
«Le Masque de fer : l’énigme du Roi Soleil», «Cités médiévales, les bâtisseurs de l’Empire»…

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